(...) Et bien déjà, on constate qu'effectivement, O'Russell se débrouille encore pour pirater un genre balisé de l'intérieur. Après avoir mixé drame familial avec le film de sports, le drame familial avec la comédie romantique, le drame familial avec le polar, il mixe drame familial avec biopic. Le genre du biopic est surtout cannibalisé par le schéma du rise & fall, auxquels peu de films échappent, y compris ceux qui sont très réussit. Sauf que là, O'Russell ne fait pas un rise & fall, il opte pour une structure qui se concentre essentiellement par le côté "rise" de la chose. Une ascension d'un personnage principal qui verra donc nombre d'embûches lui tomber devant le museau, retardant toujours son but ultime qui ne sera atteint qu'au prix d'une volonté inébranlable, de sacrifices et d'efforts qui dépassent l'entendement. Cette héroïne est donc campée par Jennifer Lawrence, actrice de la nouvelle génération qui a réussit à devenir une authentique star, à l'aura légitimée par l'Oscar de meilleure actrice pour "Happiness therapy". Elle campe donc encore une fois devant la caméra d'O'Russell une femme plus vieille qu'elle mais son talent assez unique se déploie avec beaucoup d'autorité, l'actrice étant de toutes les scènes. (...) Une mise en scène par ailleurs assez délicate à analyser puisque O'Russell est un classique pur jus, faisant peu de mouvements et utilisant encore moins d'effets. Il y a déjà sa science du montage, qui donne beaucoup de fluidité à la narration qui évolue sur différentes époques, liant souvenirs, flash-forwards et présent avec maestria, toujours avec beaucoup de limpidité et peu d'indications si ce n'est à travers sa scénographie (décors, lumières, cadres). Il y a aussi ses fameuses scènes de disputes, qui rappellent beaucoup Cassevetes (John, pas Nick), avec là encore une science de la coupe juste. Il place beaucoup de personnages dans des cadres étroits et des pièces étriqués (rendant ainsi la sensation d'étouffement de son perso principal), appuie sur le son (tout le monde parle en même temps) mais il ne lasse pas grâce à son fameux sens de la coupe. Ainsi, on a jamais l'impression que ça s'éternise, jamais on ne se dit qu'il a coupé son plan trop tôt ou trop tard, tout est réglé au millième de seconde, ce qui donne la fluidité de l'ensemble. Cet art là, ce sens du classicisme, c'est ce qui en fait un grand cinéaste, toujours intéressant à voir. (...) Quant à l'histoire, qui s'inspire d'une histoire vraie, O'Russell n'a pas pu s'empêcher de l'envoyer bouler pour n'en garder que le prétexte et les grandes lignes. On pourra toujours trouver le principe discutable mais ça serait oublier que le cinéma est l'art de la fiction, de la représentation fantasmée du réel à travers des outils imparfaits qui ne rend jamais compte de ce que l'on voit en toute objectivité (utilisation de décors, de cadres, de lumières artificielles et surtout du montage). Le scénario m'a ainsi captivé et surtout, il propose un personnage féminin très fort. C'est d'ailleurs étonnant que ce fait ai été assez peu souligné par notre presse bien-pensante, à l'heure où les minorités et les femmes cherchent à prendre plus d'importance au sein de l'industrie. (...) La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com