Houellebecq est l'un des plus grands écrivains français - ou écrivains tout court - contemporains. Il est aussi une "personnalité médiatique" surprenante, irritante parfois, ce qui lui vaut pas mal de critiques, au delà de son travail indiscutable en tant que penseur, écrivain, poète. Quand Houellebecq joue le rôle de "Michel", avec une facétie et une vivacité étonnantes contrastant avec son personnage "droopiesque" et dépressif, il n'est pas aisé de distinguer ce qui fait partie du "jeu" de ce qui est "la réalité", et cette ambiguïté se révèle extraordinairement féconde sous la direction - inspirée, oui -, de Nicloux : entre ce qui peut être perçu comme l'opinion de Houellebecq sur le monde, et ce qui relève du scénario (ténu, mais pas inconsistant) du film, notre cœur balance en permanence... mais c'est finalement l'émotion étrange qui se dégage de nombreuses scènes qui emporte notre adhésion. "L'enlèvement de Michel Houellebecq" est un véritable OVNI : c'est un objet purement conceptuel qui se met peu à peu à "respirer la vie", contre toute attente. Au delà de "Michel", ce sont tous les acteurs qui finissent par nous bouleverser autant qu'ils nous font rire : loin de l'humour "Canal / Groland" qu'on pouvait craindre, nous partageons une heure et demi de la vie de superbes branquignols, nous buvons des coups avec eux, nous nous engueulons avec eux, et sommes finalement tous surpris d'avoir appris à les aimer. Et lorsque le film se termine, à 280 km/h sur l'autoroute avec Michel et Luc, nous sommes à la fois excités et effrayés par toutes ces grosses conneries que nous venons de faire. Il nous reste à remercier Nicloux pour cette belle aventure.
Un chouette petit téléfilm légèrement inspiré d'une véritable histoire ( la disparition de Michel Houellebecq en 2011 ). Quelque part entre le documentaire et la fiction, cette réalisation toute simpliste à un côté fascinant, à moins que ce ne soit plutôt l'univers caustique de Houellebecq (qui joue son propre rôle) qui fascine. Un drôle de film sur un drôle de type qui se livre à travers un enlèvement fictif.
Très bien les 16 premières minutes, Michel Houellebecq est au centre du sujet, puis à partir de l'enlèvement factice, cet essai perd de son intérêt , l'ennui s'invitant trop tôt. Dommage. 1 étoile et demie.
Ce drame est, malgré une intrigue rocambolesque et manquant d'un quelconque intérêt, doté d'un scénario relativement bien écrit et teinté d'humour et est interprété par des comédiens convaincants dont Michel Houellebecq. Divertissant.
aussi original que son héros, ce téléfilm brille par son audace, son originalité, son ton si décalé et drôle. Bravo Nicloux. Houellebecq magique. Un régal
Les ravisseurs de l'écrivain célèbre Michel Houellebecq ne sont pas précisément des pieds nicklés; s'ils opèrent à visage découvert et sans aucune précaution, c'est parce que le sujet de Guillaume Nicloux ne revendique aucun réalisme. Surtout que le cinéaste ne donne aucune raison (pourquoi, pour qui) à ce rapt burlesque. Et le réalisateur de pousser l'audace jusqu'à faire un acteur d'une personnalité qui n'apparait pas la plus qualifiée à priori. Coup de génie -reconduit dans deux autres films à ce jour, encore plus réussis- car Houellebecq, en jouant à peine, pour ne pas dire en restant lui même, c'est-à-dire, lunaire, égaré, détaché, fait un personnage drôlatique. En face lui, ses kidnappeurs aimables et attentionnés sont bien caractérisés et assez impayables eux aussi. Insensiblement, la détention de Houellebecq, déjà à peine coercitive, tourne quasiment à la villégiature, entretenue par des apéros, des bribes de conversations très prosaïques ou bien inattendues, littéraires ou philosophiques, et en définitive par une camaraderie que la sensibilité saugrenue des ravisseurs entretient. La comédie est une bouffonerie que son humour décalé, pour peu qu'on le partage, son second degré, pour peu qu'on le comprenne, et ses dialogues bien écrits maintiennent dans la facétie sans vugarité, sans éclats de mauvais goût ni traits épais. Une vraie prouesse compte-tenu du sujet.
Film plutôt léger, c'est une comédie plus qu'un drame. On ne croit en rien à cet enlèvement. C'est surtout un moyen de mettre en valeur l'écrivain Houellebecq, de nous montrer son mode de vie, et son mode de pensée. Ce n'est pas ennuyeux bien que certaines séquences paraissent longues car pleines banalités. C'est plus cocasse que comique, ce n'est pas très profond, trois ou quatre phrases seulement prononcées par l'écrivain méritent d'être retenues. Par ailleurs, c'est cinématographiquement parlant, assez faible. (Nicloux a fait beaucoup mieux depuis)
Arte était bien la seule chaine capable comme à l'image de "Ptit Quinquin" de nous offrir des fictions aussi décalées et jouissives à la fois. C'est donc dans son propre rôle que l'on découvre Michel Houellebecq, écrivain sulfureux que l'on apprend à connaitre via ce téléfilm qui entre documentaire et fiction s'apparente presque à un épisode de "Striptease". Au travers de ce naturalisme où tous les personnages débordent d'authenticité, c'est avant tout Michel Houellebecq qu détonne. A la fois drôle, attendrissant et bien sur fidèle a lui même dans sa façon d’être. La grande réussite du film, et notamment grâce au talent de Guillaume Nicloux, c'est le décalage assumé et l'absurdité de cet enlèvement qui n'en a pas l'air. Cela procure des situations absolument hilarantes,surtout grâce à Michel Houellebecq qui n'a pas du tout l'air de jouer la comédie, ce qui donne ce coté "cinéma vérité amateur" inédit particulièrement réussi.
Guillaume Nicloux, cinéaste à part, nous offre avec ce film ce qui se rapproche du portrait idéal (mais non idéalisé, loin de là!) du plus grand écrivain français actuel, personnage flegmatique à souhait, un peu trop porté sur l'alcool et la cigarette (avec le leitmotiv désopilant du film: "Et je pourrais avoir un briquet?"). A la limite du cinéma-vérité, cette étrange expérience vaut mieux que toute interview de l'auteur, et nous livre une galerie de personnages attachants, avec son lot de situations et de dialogues absolument tordants. Mais sous des dehors loufoques, ce très beau film parvient à faire sens.
Quel belle surprise qu'est ce film ! Je n'en n'attendais franchement rien mais le film se révèle suprenament bien mené. Par un formidable humour absurde et un comique de situation, le métrage est très drôle et inventif. Le réalisateur nous offre quelques très bon plans et des scènes hilarantes (Houellebecq apprend quand même à boxer). Les acteurs sont bons à commencer par Michel Houellebecq révèle son talent d'acteur. Le film étire un peu trop les procédés comiques qui finissent par s'user mais ce n'est pas grave, le film, sans être un chef d'oeuvre, est un bon moment de cinéma et surtout un gros délire qui réussit son pari et brille par son originalité.
Un bijou de faux docu merveilleusement absurde qui tire le meilleur du choc des mondes; ravisseurs bourrins et curieux d'un côté, Michel plus-houellebecquien-tu-meurs de l'autre. Quelle formidable autodérision de sa part (quand bien même il nie tout élément autobiographique...)! Poilant.