Les mots. Voilà ce sur quoi "Still Alice" est entièrement construit. Alice, docteur en linguistique, voit sa vie basculer quand on lui diagnostique un déclenchement précoce de la maladie d'Alzheimer. Dès lors, alors qu'elle est au sommet de la gloire et de la réussite personnelle et professionnelle, elle voit ce qui lui a permis de se construire et de s'affirmer en tant qu'être humain s'effondrer petit à petit. Si les mots ont tant donné à Alice et de lui permettre une grande réussite, c'est la perte de ces mêmes mots qui la détruira, réduira en poussières tout ce qu'elle aura pu construire dans sa vie et qui lui reprendra tout ce qu'ils auront pu lui apporter.
Le thème de la maladie d'Alzheimer a extrêmement bien été exploité et défendu par le réalisateur qui a su prendre les bons choix de réalisation et de mise en scène. Pour prendre un exemple, le malaise et le mal être qui se sont dégagés à travers la scène où Alice se perd en faisant son jogging ont parfaitement été reflétés et ressentis par le spectateur à travers les plans pris par la caméra.
L'ambiance se détériore avec la progression du film, passant d'une ambiance chaleureuse, douce et joyeuse à une ambiance beaucoup plus terne, grise et froide.
Dès lors, on assiste à une véritable gradation. Le film commence par une Alice épanouie et forte. Puis, peu à peu que le film suit son fil, elle se perd complètement et se voit perdre tout contrôle sur sa vie et sur elle-même.
Par ailleurs, il y a une autre chose qui m'a beaucoup plu à propos de ce film. De mon point de vue, j'ai vu une véritable critique à travers la vie menée par John. Alors que sa femme meurt petit à peu à l'intérieur d'elle-même, il s'obstine à travailler d'arrache-pied à ne penser qu'à ses opportunités professionnelles.
Pour autant, on pourrait aussi interpréter cela par la non-acceptation de l'état de maladie de sa femme et sa volonté absolue de vivre leur vie comme si l'annonce de la maladie d'Alice n'impactait et n'impacterait en rien sur leur façon de vivre. Dès lors, peut-être qu'il se trouve dans un état de négation et qu'il n'est pas réellement conscient de ce qui est en train de se passer.
Enfin, il est très important de souligner à quel point l'interprétation de Julianne Moore est magistrale et poignante. De son talent, elle est parvenue à porter un personnage et de l'incarner véritablement comme si elle ne faisait qu'une avec Alice. Son jeu est bouleversant et elle a réussi à nous faire ressentir toute l'intensité de la maladie d'Alzheimer. Cela passe notamment par son regard froid, vide et pourtant si combatif.
Aussi, j'aimerais ajouter que j'ai été agréablement surpris de la performance de Kristen Stewart. Ainsi, j'avais quelques a priori en voyant qu'elle figurait dans le casting dans la mesure où son jeu dans la saga Twilight ne m'avait absolument pas convaincu.
Pour finir, j'ai énormément apprécié ce choix de fin. Alors qu'il aurait pu se terminer de manière tragique du fait de la possible exploitation de la piste du suicide, il se termine sur un appel à l'espoir. "Still Alice" se clôture sur la beauté d'un passage de livre et sur la prononciation d'un mot par Alice qui constitue un appel à la lutte et à la combativité de la maladie d'Alzheimer. La fin constitue une porte ouverte à l'interprétation qui d'ailleurs est favorisée par la contraction de la maladie par Anna et le mystère qui plane autour de la situation de Lydia.
Ce film est une véritable célébration à la vie qui invite chacun à prendre conscience de la chance qu'il a de vivre la vie qu'il mène, de tout faire pour la préserver autant que possible et de l'empêcher de s'échapper.
En bref, ce film m'a profondément touché et bouleversé, j'en ai les frissons.
Un chef-d'oeuvre.