Un film qui, au vu de la grandeur du sujet, de sa beauté et de son potentiel d'émotion, méritait bien plus que cela comme ambitions artistiques. Bien sûr, on pleure devant ce film, bien sûr, on ne peut qu'être sensibilisé à l'horreur de cette maladie, cela grace à effectivement une belle performance de Julianne Moore ( cependant beaucoup plus crédible dans la deuxième partie du film où elle révèle la personnalité qui manquait quelque peu en première partie ), de belles images, bien qu'un peu glacées, et un canevas original très touchant.Donc, on pourrait se dire que ce film tient ses objectifs ! Cependant, le problème est que ce film s'oublie très rapidement, du fait d'un manque de personnalité artistique, et d'une forme de timidité face au sujet qui semble brider le réalisateur. Les personnages sont trop beaux, trop parfaits, un peu univoques, et ne provoquent donc pas d'empathie particulière, ils ne sont en fait que des schémas, contenus dans des corps sans aspérités : le problème ne vient pas des acteurs, qui font ce qu'ils peuvent, mais de la définition même de leurs rôles, qui semble assez mince et composée de 3 ou 4 adjectifs ( la palme revenant au fils qui n'est rien d'autre qu'un nom et une présence). La réalisation est assez fade, et très lisse, et, malgré une belle utilisation de la lumière, du jeu net/flou et une caméra qui souligne l'instabilité du personnage, on n'en retient pas grand-chose, et elle n'évolue quasiment pas pendant tout le film. C'est d'ailleurs ça le plus grand problème, cette linéarité; elle est intéressante dans le sens où elle permet de retranscrire la rapidité avec laquelle un être aussi brillant peut devenir moins que l'ombre de lui-même, mais elle donne surtout un aspect univoque, monochrome, austère, certes pudique, mais surtout peu captivant. De plus, cette monochromie fait qu'on a du mal à apprécier les scènes qui, pourtant, devraient tant nous toucher :
la scène où elle se souille en ne trouvant pas les toilettes, le dialogue avec son ordinateur,
la fin qui passe quelque peu à la trappe, étant donné qu'on ne comprend pas forcément que c'en est une et que le réalisateur ne laisse pas au spectateur le temps de la savourer, avant de lancer la musique de générique... Le manque de variété de la musique, et, il faut le dire, sa médiocrité ( elle pourrait aller à n'importe quel téléfilm) n'aide hélas pas à donner au produit la personnalité qu'il n'ose pas affirmer.
En résumé : un film au sujet émouvant, mais qui, du fait d'un excès de modestie et de pudeur du réalisateur face au sujet, pêche par manque d'enjeux et d'audace, et, qui donc, malgré d'évidentes qualités ( casting homogène et image soignée) ne parvient pas à s'envoler et à transcender le sujet. Se regarde agréablement, mais s'oublie vite.