Le dernier film du couple composé par Richard Glatzer et Wash Westmoreland est un petit bijou de sensibilité sur un sujet difficile à traiter : la maladie d’Alzheimer. Tout simplement incroyable pour son rôle d’actrice déchue dans Maps to the stars, Julianne Moore prouve avec Still Alice que sa carrière est loin d’être finie. Elle y offre une prestation incroyablement sincère et émouvante accompagné de Kristen Stewart, également magnifique, qui si elle ne prouve pas l’existence de la vie après la mort, prouve l’existence d’un avenir prometteur après Twilight.
Alice Howland (Julianne Moore, également vue dans Non-Stop, une erreur de parcours et Hunger Games – La révolte (Partie 1)) est un professeur renommé de linguistique. A cinquante ans à peine, elle commence à souffrir de problème de mémoire. Diagnostiquée comme porteuse d’une forme rare de maladie d’Alzheimer génétique, elle décide alors de se battre contre la maladie avec l’aide de ses proches.
Still Alice est un film à la fois beau et intelligent. Alice Howland perd la mémoire. La première conséquence est pratique. Elle souffre de désorientation, elle ne peut plus organiser correctement son emploi du temps. Son handicap nouveau ne lui permet plus d’assurer correctement son travail. Elle va devoir penser sa vie autrement pour combattre la maladie. Désormais, elle doit trouver des subterfuges. D’abord entraîner sa mémoire avec des jeux de lettres et de mémorisations. Puis surligner ses lectures pour ne pas recommencer infiniment la même ligne. Paradoxalement, se battre contre Alzheimer, c’est aussi réveiller sa créativité pour pallier à ses manques cognitifs. Tout devient alors éphémère et il faut néanmoins apprécier l’instant sous peine de sombrer dans une angoisse trouble et profonde. Alice fera d’ailleurs une intervention émouvante dans un congrès sur la maladie sans même savoir si elle s’en souviendra. Still Alice ne fait pas l’économie de suivre sa thérapie avec Alice et c’est tant mieux. De cette manière, on appréhende mieux une maladie dont, après tout, on ne connaît finalement pas grand-chose.
La beauté de ce drame familiale réside en ce qu’il interroge justement à la fois nos propres racines et celle de notre famille. Également parce qu’il propose d’explorer des liens parfois ténus avec le temps mais qui, à travers la filiation, peuvent malgré tout demeurait très forts. Alice s’interroge d’abord face à elle-même, pensant même user de subterfuges pour se convaincre à posteriori de se suicider si la situation s’aggrave. Ce n’est que l’amour d’un mari aimant et fidèle qui l’aide à tenir bon. On imagine la détresse des patients sans entourage dont le film nous donne un aperçu lors d’une visite dans un établissement spécialisé. Pour Alice, la maladie est une mort lente et douloureuse, d’abord de l’esprit. C’est cette déliquescence programmée qui la touche le plus, ayant conscience de ne devenir que l’ombre d’elle-même. Cette mort de l’âme à petit feu est rendu plus difficile encore par l’hérédité de son Alzheimer. Savoir ses enfants menacés, c’est comme les perdre prématurément, une sorte de farce tragique du destin. Perdre sa descendance, c’est un peu mourir une seconde fois.
Still Alice parle de tout cela, du combat, de la lutte, du suivi médical et de la nature vicieuse d’une maladie qui vous faisant perdre la mémoire vous destitue de vous-même. Sans souvenirs, sans racines, que sommes-nous donc ? Still Alice répond un peu à la question. Réduite à la plus simple expression d’elle-même, n’étant quasiment plus qu’un corps, n’étant plus capable de se définir, Alice Howland conserve tout de fois l’intuition de l’essentiel et dans les yeux de sa fille Lydia (Kristen Stewart) arrive encore à lire et à ressentir la présence de l’Amour.
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