Il est toujours périlleux d’aborder le thème de la maladie à travers un film. La manière d’adopter et de traiter le sujet est toujours un exercice particulièrement dangereux. Trouver un juste milieu est sans doute la solution miracle, mais faut-t-il encore savoir tenir la cadence pendant toute la durée. Récemment « The Theory of everything » avait réussi (c’était d’ailleurs une de ses qualités) à remplir ce défi, trouvant un équilibre narratif subtil, presque sans fausse note.
« Still Alice » propose de se pencher sur la maladie d’Alzheimer et de ses répercussions aussi bien, dans le milieu familial, que sur le malade lui-même. Evidemment, ce qui ressortait le plus au sujet de « Still Alice » s’était bien entendu la performance de Julianne Moore, lauréate d’un Oscar pour ce rôle. Curieusement, on entendait que très peu d’autres commentaires au sujet du film, peut-être était-ce un signe avant-gardiste sur ce que valait réellement ce « Still Alice ».
Très rapidement pendant la séance, la raison première m’est apparue : ce film est aussi creux qu’un nid de poule !!! Alors oui la maladie c’est terrible, c’est un combat acharné, une expérience difficile et intense, mais est-il vraiment nécessaire de tirer sur la corde jusqu’à ce qu’elle se rompe ? Bien que la mise en scène se permet quelques effets inspirés et intéressants, le reste du temps, elle ne se contente que de laisser libre court aux jeux de ses acteurs, qui, il faut bien l’avouer, se présentent comme l’unique attraction du film. Pourquoi le réalisateur a cru bon d’alarmer encore plus les chaumières en arrosant son public de scènes toutes plus misérabilistes les unes que les autres ? Excepté,
une scène de discours
poignante et intensément chargée en émotion où Julianne Moore démontre une fois de plus qu’elle est une des actrices les plus douée de sa génération, le réalisateur ne cesse de nous jeter en pâture l’infligeant spectacle de la dégradation d’un esprit et d’un corps. Là où « Intouchable » alliait brillement humour et drame, « Still Alice » ne propose que très peu de légèreté. Son fil conducteur n’est qu’une déchéance d’effets dramatiques, de scènes de ménages recyclées, donnant un aspect presque automate à la narration qui vient s’engluer dans une profonde amertume redondante.
Après, on aime ou on n’aime pas, ce genre de film plaît à une majorité grâce à son sujet sensible. « Still Alice » est ancré dans un format particulièrement réaliste et intimiste, ce qui fonctionne très souvent au cinéma. Il ne marquera sans doute pas les mémoires, ce qui tout bien réfléchi est assez amusant pour un film traitant de l’Alzheimer.