"Valentin Valentin" a tout l'esprit et la signature de Pascal Thomas, au point même de le deviner si on ne prend pas la peine de le vérifier avant...
En effet, c'est bien la légèreté et l'insouciance apparente qui d'emblée apportent cette touche hors du temps, dans cet immeuble bien propret où cohabitent jeunes et moins jeunes, propriétaires, locataires et colocataires dans une joyeuse et douce, mais fausse convivialité, où tout est lissé, propre et mignon !
Tout ce petit monde s'observe, se désire et s'interroge avec un voyeurisme assumé d'une fenêtre à l'autre, d'un étage à l'autre, en fait presque du Hitchcock !
Si bien que le vernis fait vite de se craqueler quand chacun laisse ses travers apparaître comme l'égoïsme, la dépendance, la convoitise, le vol, l'infidélité, etc...
C'est alors que tout devient un peu plus pimenté, mais juste un petit peu, pour rester dans une saveur aigre-douce bien comme il faut !
Pour nous présenter cette ambiance joyeuse et colorée, les comédiens sont dans le ton de cette comédie, filmés avec beaucoup de fraîcheur et de gaieté, tous croqués et brossés en quelques coups de pinceau, comme des petites marionnettes déboussolées et envoutées par Valentin qui lui, semble flotter complètement au milieu, en créant ainsi et à son insu cette bonne entente !
À ce titre, Vincent Rottiers en jeune homme élégant et réservé surprend avec ses petits foulards et lunettes rétro, tant il est éloigné de ses rôles habituels et c'est bien ce qui lui donne tout son charme, comme lorsque ses deux voisines en font son portrait tel un pâtre grec !
Son "très curieux" voisinage est représenté par le reste de la troupe, tous très enlevés et inspirés dans leur genre en parfaite galerie de personnages type.
Tout y est de la nymphomane au mari violent en passant par l'artiste accomplie, et donc de Marie Gillain, à Arielle Dombasle bien telle qu'elle est réellement, de Marilou Berry pas mal du tout à Géraldine Chaplin très émouvante, ou même Victoria Lafaurie dont le coup de pinceau et le talent de chanteuse apportent un petit plus et donc la touche finale à cette comédie qui se laisse regarder agréablement !
Maintenant, on peut en rester là et s'en satisfaire par le fait que Pascal Thomas a su mettre son grain de sel et de la zizanie dans cet immeuble et ceux environnants, pour nous régaler même s'il est dommage que l'enquête attendue démarre sur la fin (et on comprend pourquoi...), car bien que sans importance, celle-ci aurait pu être le vecteur espéré de cette histoire qui n'a rien du policier annoncé...
Mais est-ce suffisant pour autant, on peut se le demander ?
Peut-être pas car on attendait sans doute un film plus abouti avec plus d'impertinence et un humour plus marqué pour être véritablement comblé jusqu'au bout...
Une petite douceur un peu trop sage et pourtant fondante à souhait sous la langue...