Chers lecteurs et chères lectrices, permettez-moi d’attirer votre attention sur le fait que cet avis s’adresse seulement et uniquement à tous les spectateurs qui ne connaissent pas le manga et le monde de Masamune Shirow sur lesquels s’appuie ce film. Eh oui, "Ghost in the shell" n’est ni plus ni moins que l’adaptation live des films d’animations éponymes. Pourquoi n’est-ce pas adressé à tous les autres spectateurs ? Tout simplement parce que je fais partie de ceux qui ne connaissent pas l’œuvre originelle. Donc voici ce que j’en pense : visuellement, c’est un sacré spectacle, sans que ça ne tombe dans le outrageusement spectaculaire, me disant même que ça doit valoir le coup de le voir en 3D. Pourtant il faut admettre que la direction artistique s’est compliquée la tâche inutilement au niveau des décors. Parce que les silhouettes faites par hologrammes n’apportent rien au film, même pas à l’enrichir ne serait-ce qu'un petit peu : entre le jogger, les poissons, les geishas et je ne sais quoi d’autre encore, non seulement ils sont nombreux à apparaître dans la mégapole, mais en plus ils ne sont d’aucune utilité si ce n’est de contribuer à créer un environnement futuriste plombé par une pollution lumineuse outrageusement colorée. Franchement, je m’interroge… Le côté futuriste, on l’a déjà par les véhicules, les costumes et par l’intrigue elle-même. Le rendu science-fictionnel est extrêmement bien fait, et j’ai envie de dire que c’est très heureux quand on a affaire à un sujet déjà traité à maintes reprises au cinéma : celui de l’éthique sur les manipulations, non pas d’ordre génétique cette fois, mais sur les réparations des corps humains et jusqu’où on peut aller. On constatera que l’imagination est sans limite, et si on prend la peine d’y réfléchir un petit peu, c’est quand même au minimum légèrement effrayant. D’ailleurs Scarlett Johansson fait assez bien ressortir la démarche mécanique de son personnage, bien que les mouvements naturels aient parfois tendance à reprendre le dessus. En revanche, elle parvient la plupart du temps à garder un regard froid, déterminé et dénué de sentiment à chaque fois que c’est nécessaire. On peut même considérer qu’elle est dans la parfaite continuité du rôle qu’elle avait endossé dans "Lucy". Face à elle, Juliette Binoche a l’air d’être plus ou moins à côté de la plaque alors qu’il est déjà surprenant de la trouver dans ce genre de film, tandis que Michael Pitt semble spectateur de son personnage et de tout ce qui gravite autour de lui, du moins à partir du moment où son personnage Kuze circule à visage découvert. La musique est omniprésente pour faire de ce blockbuster un divertissement agréable à suivre, bien que légèrement plombé par une atmosphère un peu lourde de pathos. Les scènes d’action sont plutôt pas mal amenées, cependant certaines d’entre elles sont peu lisibles, et d’autres sont plombées par une utilisation à outrance des ralentis. Il en faut pour styliser certains combats, voire pour rendre compte de la force des coups portés, mais trop c’est trop : ça casse le rythme. Point de vue mise en scène, c’est plutôt pas mal, car elle permet de préserver les mystères juste le temps qu’il faut. Surtout quand les méchants ne sont pas ceux qu’on croit ! Donc oui, "Ghost in the shell" est un divertissement assez sympa, sans que ce soit non plus un film transcendantal. Pour ce qui est de l’adaptation, je ne porterai aucun jugement pour les raisons évoquées plus haut. Aussi je vous invite à lire les avis de ceux qui ont de vrais éléments de comparaisons, mais apparemment, ce n’est pas tout à fait ça…