Un film très français, peut-être bien trop français même. La réalisatrice revendique d'ailleurs ces inspirations chez Bresson, Pialat, etc. Déjà, ces références sont un peu datées (Klapisch, Besson, Jeunet me parlent davantage). Dans ce genre "cinéma français", qui plaît on ne peut plus à une certaine intelligentsia parisianiste un peu snobinarde sur les bords, le film est très réussi. Certes, le scénario va déranger nos snobinards comme les gêne un peu ce qu'écrit Houellebecq tandis qu'ils apprécient son style (qui est ce qu'il y a de plus mauvais chez Houellebecq). Mais on trouve ici, comme dans tout film bien "art et essai" comme il faut, ces mêmes focalisations sur "les gens", ce même naturalisme (qui était déjà ce qu'il y a de plus mauvais chez Zola) et pire, ces moments où l'on fait beaucoup de bruit, chacun hurlant à qui mieux mieux, comme dans tout bon mauvais téléfilm. Passons sur ce cliché de la caméra qui a la tremblotte pour faire "vrai", façon ce nanar à succès Blair Witch. Le cinéma c'est l'image animée (mais pas par un caméraman souffrant de Parkinson), or, ici, les images fussent-elles belles, ça cause trop. Si c'est pour la causette, je préfère ouvrir un bouquin, ça va plus vite et la vie est courte. Le côté catho Vatican II-aimez-vous-les-uns-les-autres me déplaît aussi, mais c'est loin d'être ce qui me fait ne pas aimer ce film. J'avoue : je n'ai même pas pu tenir jusqu'au bout, et ce qui m'a le plus dérangé, c'est un conformisme qui rapproche plus Cheyenne Carron de Gaspard Noé (qui n'a pas fait que de mauvais films) que de Mel Gibson, pas un spiritualisme ni un christianisme que j'aime à trouver dans d'autres oeuvres (L'Evangile de Pasolini par exemple). Je mets la barre trop haut dans mes comparaisons, mais s'attaquer à de tels sujets exige, sauf à blasphémer, d'être à une certaine hauteur qui n'est pas approchée ici. Oui, je ne suis pas touché du tout par ce cinéma-là, il m'ennuie énormément.