Hasard des sorties françaises, voilà le 2e mélo espagnol à l'affiche chez nous, en moins d'un mois - après "Julieta" de Pedro Almodóvar. Et c'est l'actrice almodovarienne Penélope Cruz qui porte ce "Ma Ma" (en "Magda").... Après le drame des non-dits en famille ("Julieta"), le drame de la maladie ("Ma Ma"). Mais là où on aurait pu porter le fer en permanence sur la crudité d'un mal implacable (un cancer du sein, qui se métastase en accéléré), le médecin de formation Julio Medem (dont je découvrais le travail, pour ma part) a choisi une toute autre voie, avec en contrepoint permanent de la douleur qui ronge l'héroïne, le fantasme, presque le fantastique, de son univers mental (remarquable montage) écartant les risques du « tire-larmes », gratuit., . Avec pertinence. Et beaucoup de poésie, voire d'humour et de décalage (cf. le personnage du gynéco/oncologue "Juliàn", alias Asier Etxeandia, qui a un vrai talent de chanteur de "charme"). Gageure réussie, que ce mélange des genres, au service d'un éblouissant portrait de femme - une "Mamà", viscéralement attachée à son petit garçon, "Dani(el)" (le prometteur Teo Planell, tout en grâce et spontanéité), dont la superbe féminité est meurtrie par un (grave) souci mammaire (jeu de mots du titre espagnol, heureusement gardé en France, "Ma Ma", en deux mots désignant le cancer du sein),
La critique professionnelle hexagonale, boboïsante, n'a pas aimé ce flamboyant mélodrame - quand elle sait s'esbaudir sur n'importe quelle daube "sociale" - le fait que le personnage d'"Arturo" (Luis Tosar) montre sans complexe sa foi catholique, je ne sais pas pourquoi, permet (peut-être ?) d'expliquer ce rejet épidermique pour un film au contraire très honorable....