De Christian Petzold, je n’avais vu que "Barbara", que j’avais apprécié, quoique avec quelques réticences. Ici, c’est presque pareil : le scénario est bon, mais il faut accepter un postulat que beaucoup de spectateurs rejettent, celui de ce mari qui ne reconnaît pas sa femme parce qu’elle a subi une opération de chirurgie esthétique. Mais c’est un détail...
L’histoire se passe juste après la fin de la Deuxième guerre mondiale, et Nelly, libérée d’un camp de concentration mais plutôt amochée, a subi une intervention chirurgicale qui lui a modifié le visage. Si elle est quasiment certaine de récupérer au moins une partie de la fortune familiale confisquée par les nazis, elle se soucie également de retrouver son mari, Johannes, qu’elle aime mais dont elle est sans nouvelles. Elle le retrouve donc, et cet ancien pianiste est devenu homme à tout faire dans une boîte de nuit, le Phoenix – référence un peu lourde à cet oiseau mythique qui renaissait de ses cendres. Johannes, qui se fait appeler Johnny, ne la reconnaît pas, mais lui trouve une vague ressemblance avec sa femme qu’il croit morte en détention. Il la convainc de devenir sa complice et de se faire passer pour la supposée défunte, afin de récupérer la même fortune qu’il convoite aussi. Il va donc la transformer pour la faire ressembler à Nelly !
Mais, dans la dernière partie, Nelly apprend qu’en son absence, il a divorcé d’elle, et que c’est pour cette raison qu’il lui faut une complice afin de la faire passer pour sa femme. Hélas, pour le voyou, il la reconnaît, et, confus, disparaît.
J’ignore si beaucoup de critiques ont fait le rapprochement avec "Vertigo", où un homme s’efforçait de recréer une femme qu’il avait aimée et qu’il croyait morte, à partir d’une femme bien vivante dont il ignorait que c’était la même. Bien entendu les motifs étaient différents, et l’homme était parfaitement innocent. Or, déjà, le postulat était un peu difficile à accepter. Mais j’ai tendance à croire qu’Hitchcock s’en tirait mieux.
Le film est austère, et les acteurs sont bons. Le scénario, curieusement, vient d’une histoire du grand romancier français Hubert Monteilhet, "Le retour des cendres". D’où son aspect un peu tordu.