Ces 8 dernières années, "Yella", "Jerichow" et, surtout, "Barbara" ont fait de Christian Petzold le chef de file de la Nouvelle Vague du cinéma allemand. "Phoenix", son dernier film, est une adaptation cinématographique très libre de « Le retour des cendres », un roman écrit par l’écrivain français Hubert Monteilhet au début des années 60. Dans ses films précédents, Christian Petzold auscultait avec talent et précision l’Allemagne de la 2ème moitié du 20ème siècle. Dans "Phoenix", il remonte plus loin dans le temps : plus précisément en 1945. Jeune femme juive, Nelly a connu Auschwitz, elle en est ressortie vivante mais défigurée. A son retour à Berlin, elle a deux buts : se faire refaire un visage ressemblant le plus possible à celui d’avant et retrouver Johnny, son mari. Le fait d’hériter de tous les biens de sa famille, en tant que seule survivante, est, en quelque sorte, le cadet de ses soucis. Son amie Lene, employée de l’agence juive, ne demande qu’à l’aider en ce qui concerne le premier but mais renâcle au sujet du second : Johnny aurait trahi sa femme et aurait été responsable de son arrestation. Si on arrive à dépasser la surprise que l’on ressent lors de la première rencontre de Nelly et Johnny, on trouvera dans "Phoenix" les mêmes qualités que dans les films précédents de Christian Petzold : une grande maîtrise dans le choix des plans, une grande rigueur dans la mise en scène, une excellente direction d’acteurs et un montage qui donne à chaque plan la bonne longueur. Sans insister, il montre les séquelles laissées chez celles et ceux qui ont baissé les bras face à la barbarie menée par Hitler ou, pire encore, ont adhéré à ses idées.