Contrairement à la majorité des cinéphiles et du monde, je me suis largement laissé tenté en ce début de mois par Tale of Tales que par le fameux et surement décevant Terminator Genisys qui ne m’attirera finalement pas, peu importe qu’on ait Emilia Clarke de GoT ou Cameron qui dit que ce film est bon, ça suffit pas à m’enthousiasmer et les deux premiers films se suffisent largement.
Bref, Tale of Tales est un long-métrage qui a été présenté au festival de Cannes cette année, et vu que je suis peu familiarisé avec les films du festival j’ai pensé qu’il ne serait pas un mal de découvrir un nouveau film, sans qu’il ait pour autant remporté la palme d’or. Mes seules expériences avec Cannes sont le chef d’œuvre Le Labyrinthe de Pan, Dancer in the Dark et Melancholia de Lars Von Trier ainsi que La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche. Entre autre, un chef d’œuvre, deux films déprimant dont un qui m’a énervé et une histoire d’amour sur fond d’homosexualité.
En plus de cela, n’ayant pas vu le moindre film de Garrone et appréciant les contes, j’ais laissé de côté le gros blockbuster de ce début de mois pour une triple histoire de conte qui avait tout pour pleinement réussir… mais qui finalement balance aussi bien vers le bon que le mauvais. Et c’est con, en tant que tel ce n’est pas un film inintéressant et il a même de bonnes idées à proposer, mais étant une adaptation ce film se cogne sévère aux principaux défauts d’une retranscription de conte ou d’œuvre au cinéma.
Etant un film de conte italien, je crois qu’il est bien de s’intéresser d’abord aux acteurs et aux personnages qui sont, accessoirement, le premier gros défaut de ce film. Salma Hayek s’en sort plutôt bien en tant que reine de Selvascura, que l’on découvre dans le premier conte, et aurait pu amener quelque chose d’intéressant mais à chaque scène ou on l’apercevra, son personnage
est la caricature de la reine qui méprise clairement le bas peuple au point d’empêcher son fils de fréquenter un autre garçon qui le ressemble comme deux gouttes d’eau et qui est naît au même moment que lui en raison d’un rituel pratiqué pour permettre à la reine d’avoir un descendant.
Tout ce qu’on nous montre sur elle est du déjà-vu avec des expositions trop courtes et rapides pour qu’on s’y attache. Concernant le roi de Selvascura, si John C.Reilly faisait correctement son boulot, on va vite l’oublier ici tant son personnage est faible dans le cas présent. Mais vu qu’il y a Vincent Cassel, on va quand même pouvoir en retenir quelque chose, après tout c’est un très bon acteur et il l’a déjà prouvé ? Ben pas vraiment ! Déjà que son personnage de roi fornicateur me paraît, personnellement, plus ridicule qu’autre chose, il ne brille pas vraiment lui non plus surtout avec ses manies, je serais prêt à parier que dans le conte d’origine il en est de même. Sa caractérisation est tout aussi limité à son rôle de départ sans aucune évolution ou profondeur et ça n’aide pas Vincent Cassel qui se limite plus au correct qu’autre chose. Et pour les autres acteurs, que ça soit les plus ou les moins connus du public, le problème est exactement le même : tout le monde joue un personnage de conte avec un caractère limité ou étant prévisible à cause de la popularité de ces contes qui en ont inspiré tant d’autres. Toby Jones, voix originale de Dobby dans Harry Potter, les frères Lees en Elias et Jonah, Dora jouée par Stacy Martin et Hayley Carmichael, ou encore Violette jouée par Bebe Cave, chacun se limite à agir comme un personnage de conte, on n’a rien d’horrible dans le jeu des comédiens, en général ils sont tous plutôt correcte mais aucun moyen de s’attacher à leur personnage puisqu’on les voit plus comme des protagonistes de conte sans réel personnalité à l’écran, ce qui fait qu’on ne ressent rien à leur égard.
A la musique, Alexandre Desplats nous livre une partition plutôt jolie, il faut l’admettre. Le compositeur s’était déjà illustré auparavant dans The Grand Budapest Hotel ou encore les deux derniers Harry Potter pour un travail de qualité, et si ici il est loin d’atteindre un travail aussi mémorable, sa musique a de quoi déclencher une ambiance plutôt charmante avec la représentation baroque et moyenâgeuse des contes. En parlant de ça, c’est peut être le point le plus réussi du film, la direction artistique et son visuel qui sont assez charmant à regarder. Les couleurs contrastés dans certains environnements comme le rouge sang du cœur du dragon blanc et la pièce blanche ou la reine mange le cœur apportent une vision glauque, étrange mais tout aussi fascinant qui aurait gagné à être plus exploité. Il est même intéressant de voir que ce film assume un élément qui est très souvent absent dans l’adaptation de conte sur grand écran, à savoir un aspect glauque et sanglant qui sont parfois édulcorer dans les livres de contes pour enfant. Et c’est intéressant de voir ce parti pris car ça en fait, visuellement, une adaptation de conte pour adulte pleinement assumé. Les costumes sont également très beaux, strictes et fidèle à l’époque baroque mais je ne pourrais pas en dire autant du peu d’effets spéciaux dans ce film. Si en général ça reste correcte, l’immense puce du roi d’Altomonte pue le numérique et ça se voit, même si en général la direction artistique tient bien la route. La réalisation de Matteo Garrone n'est pas à jeter non plus, en plus de nous proposer un bon nombre de plan assez charmant, le réalisateur arrive quand même à rendre son sujet visuellement attirant en assumant ses choix artistique, même si sa mise en scène reste souvent assez conventionnel.
Seulement, si visuellement c’est beau et bien retranscrit, la grosse partie des défauts du film vient surtout de son histoire, ou plutôt des 3 histoires qui sont raconté pendant le film. Avant toute chose, et comme beaucoup de monde, je n’ai pas lu ni même entendu un jour parler du recueil de conte dont est tiré ce film, je sais qu’ils ont inspiré beaucoup d’autres contes plus ou moins glauques mais je les découvrais à travers ce film. Malheureusement, le principal problème est là : j’ai pas eu l’impression de voir un vrai film pendant la séance, mais un mixage très maladroit des contes et donc du livre avec une fidélité intégrale. Croyez-moi, même sans avoir lu le bouquin, ça se sent que le film ne prend aucune liberté, parce qu’on voit ce truc comme un résumé de conte ou les personnages agissent pas comme des réels protagonistes de film, mais comme des personnages de conte.
En plus de cela, le fait de résumer aussi facilement l’histoire des contes est aussi un énorme gâchis qui m’a rapidement frustré car ce film ne prend même pas le temps de développer les rapports entre les personnages,
sauf peut être entre Elias et Jonah mais c’est tellement vite expédié qu’au final on ne s’attache ou ne s’identifie jamais à eux ni à aucun autre personnage.
Il aurait été beaucoup, mais vraiment BEAUCOUP plus judicieux de ne s’intéresser qu’à un seul conte pour rendre les personnages vraiment vivant, car chacun des contes a une histoire intéressante et un fond qui valait la peine d’être mis au premier plan,
rien que le premier en valait la peine mais la quête du cœur de dragon blanc est trop vite bâclé et achevé pour qu’on s’y intéresse pleinement.
Et c’est tout ce qui gâche le film, aussi intéressant soient-ils, aucun histoire ne prend son temps et ne se limite qu’à de la retranscription, et même si chacun apporte son lot de morale intéressante, ça ne sauve pas le gaspillage qu’est le traitement apporté par Matteo Garrone. Ce n'est pas le premier film à avoir ce problème mais là c'est vraiment dommage, car au final l'ambiance n'arrive pas à s'installer malgré tout les efforts fournis pour qu'elle existe.
En somme, je pense que Tale of Tales reste un film à voir seulement une fois, ne serait-ce que pour son visuel et l’idée de départ mais il aurait pu être mille fois plus exploité et meilleur si ça n’était pas aussi brouillon, ça a son charme mais ça n’en fait pas un bon film, mais ça n’est pas mauvais non plus je trouve. Jusqu’à présent, presque aucun film présenté en compétition au festival de Cannes ne m’a vraiment convaincu à l’exception du Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro, et ce n’est pas ce film qui va changer la donne.