Une œuvre purement fantastique à tout les niveaux, prouvant que quand M. Garrone s'attaque à un genre en particulier, il met tout en œuvre pour que cela corresponde totalement à ce dernier, de l'ambiance aux intrigues, l'immersion doit être complète ce qui était déjà le cas sur les films de mafias avec "Gomorra" et la télé-réalité avec "Reality", le réalisateur ne laisse aucune place au hasard pour illustrer ses propos, il faut que chaque élément rappelle quel univers celui ci exploite sans jamais se dérouter, donc une fois de plus le travail d'assimilation et d'appropriation du genre dans la réalisation de ce film est impeccable, offrant ainsi une plongée dans le monde des contes populaires italiens du XVIIIe qui vaut le détour, qu'on les connaisse pour l'illustration qui en est faite ou qu'on les découvre à travers des histoires plus qu'intrigantes et mystérieuses. Tout commence par les 3 contes choisis pour constituer cette fresque, tous apportant un imaginaire très plaisant, ce côté sombre et de personnages singuliers, donnant cette étincelle de curiosité qui brille quand on écoute ce genre d'histoire, et cela se ressent dès l'installation du premier conte qui met en évidence la nature fantastique de ce qui est présenté, ainsi qu'une mise en scène qui correspond tout fait à l'univers par des costumes tout simplement somptueux, une ambiance à la fois noire et féerique avec son lot de créature et autres magies, des décors magnifiques jouant sur le style entre peuple rural, rois et princesses ou encore bêtes fabuleuses avec ce goût très prononcé pour les châteaux forts féodaux de la part du réalisateur, chacun des contes sont systématiquement identifié à l'image par le château qui y correspond, ce qui est assez habile étant donné que le montage est tel que les différentes histoires coexistent dans un même monde mais sont racontées de manière singulière et surtout évolutive, permettant de garder tout le suspense pour la fin du film et faisant monter la tension puisque l'on connaît la structure classique qui constitue un conte, cette façon de procéder donnant encore plus d'écho au titre de l'œuvre adaptée car on assiste clairement à plusieurs histoires dans un monde de conte, tout cela s'enchaînant comme il faut malgré que l'ensemble de la réalisation soit plus contemplative qu'autre chose qui peut laisser place minutes moins passionnante par cette lenteur dans l'exposition de certains passages basés plus sur l'esthétique, mais donnant un visuel tout simplement splendide, à la musique parfaitement adaptée et l'atmosphère étant impeccablement transmise, on est totalement transporté dans ces histoires qui sont mises en scène. Bien sûr tout le travail très soigné de réalisation est clairement au service de la narration et rend très bien la structure et l'objectif des contes comme l'Europe a su en produire pendant longtemps, et pourtant les histoires telle qu'on s'apprête à les écouter ont quelque chose d'inédit car étant peu connu des non-italiens, non seulement on y découvre de nouvelles choses , du moins dans le déroulement des événements plus que dans les éléments, mettent bien évidence la noirceur de ces aventures mais en plus de cela, le côté un peu plus trash que ce qu'on l'on connaît de ces œuvres, qu'il faut le rappeler était racontés aux enfants dans le but de moralité et d'effrayer pour éduquer, réserve ce film a un public plus averti tant par l'image que par le contenu, comme par exemple le second conte qui commence de manière assez effrayantes à travers l'histoire de ces deux sœurs teinturières ou encore concernant le destin malencontreux de la princesse du troisième conte qui lors d'un passage suggère un ébat plus que douteux, et c'est à travers tout ces éléments à la fois lugubres, étranges et violents que se dégage l'ambiance générale très attrayante de ce film. Ainsi les émotions et la morale sont mises à l'épreuve de manière peu banale à travers ces histoires assez extravagantes, que ce soit la détermination et le cœur de pierre de la reine qui veut un enfant, l'extravagance d'un père père qui fait du tord à sa fille ou la tromperie par la magie de deux sœurs qui les séparent, on entre avec le plus grand plaisir dans cet univers fantastique qui en plus d'être bien réalisé et bien raconté, est incarné par un casting assez hétéroclite en terme de valeurs, pourtant chaque personnage trouve sa place ici, de V. Cassel qui excelle surtout par son style et mis en scène à la fois de manière abjecte et vautré dans la luxure, à S. Hayek parfaite en reine glaciale dans les actes qu'elles est amené à faire, et même si les acteurs qui incarnent le conte de le princesse à marier sont bien moins connus, leur histoire est de loin la plus originale et la plus intéressante non seulement par la relation que père et fille entretiennent au cœur de leur aventure mais surtout par la manière dont est amené l'élément perturbateur, à la fois burlesque et cynique mais dont la conclusion semble trop classique, alors qu'au contraire la fin de l'histoire des deux sœurs est surprenant et laisse pas insensible vu la façon dont celle est amener, enfin il est important de préciser que chacun des contes utilisés par la réalisateur a peut être une part de culture populaire pour les initiés, mais pour ceux qui ne connaissent pas avant de voir le film, la surprise est plutôt bonne et la narration plus que prenante, d'autant plus que ce genre d'œuvre est destiné habituellement à la transmission orale et ici l'imaginaire proposé fonctionne tout aussi bien, encore faut il être sensible à cet esthétique de réalisation très imagée et fantastique que ce soit dans les costumes ou dans certains plans. Alors jouer avec les couleurs vives et les teintes plus froides afin d'actionner différentes émotions, créer une angoisse, un danger pour ensuite résoudre des situations,ou pas d'ailleurs, qui semblent désespérées et dont la morale finale est la pierre angulaire, cela à la manière des contes tel qu'ils étaient raconté à l'époque et retrouver cela dans un film est plus que plaisant, surtout quand le genre est respecté scrupuleusement, jusqu'au style très italien que l'on ressent autant dans les costumes que dans les personnages eux même, et bien que cette œuvre ne s'adresse pas forcément à un large publique, puisqu'en plus de devoir aimer le style, encore faut il être sensible à certains propos, souvent assez violent moralement et étant bien opposés aux contes de fées plein de beauté et de vie, ici c'est plutôt noirceur, malédiction et peur, cela fonctionnant bien visuellement, on est embarqué dans cet univers malgré qu'on puisse sentir des écarts d'intérêt concernant les 3 contes suivant ce qui s'y déroule et de la manière dont cela est amenée, néanmoins la construction générale permet justement d'atténuer cette sensation en laissant momentanément en suspens la narration pour passez à une autre tout en conservant l'unité qui les lie au même monde, mais jamais en influant l'une sur l'autre, en tout cas quoiqu'on en pense, il faut reconnaître que M. Garrone a su offrir un vrai conte cinématographique, où tout est fait pour mettre en avant le genre et le style ainsi qu'interpeler par ce que raconte l'œuvre adaptée.