Une jeune fille d’aristocrates complètement enchainée par la planification, la bienséance et les non-dits de son quotidien se fait accidentellement enlever par de violents brigands qui attaquaient sa station service. Désormais en fuite avec leur otage bien encombrant, l’ado, son ravisseur et un complice entament un long road-movie évolutif dans les vastes et merveilleux Rajasthan et Cachemire. Villages, plaines broussailleuses, animaux, ethnies, tout en variétés et en musiques, paysages ruraux, forêts et déserts, misère, rudesse et liesses populaires, gigantesques chaines de montagnes enneigées, incroyables firmaments étoilés, transportent l’héroïne vers un apprentissage de la vie réelle, à mesure que se révèlent tant l’indulgence envers son kidnappeur que l’évidence nauséabonde de son ancienne vie par l’éclatement triomphant de l’armure mentale qui la programmait à se voiler la face.
Loin des traditionnels clichés bollywoodiens, sans happy end, ni danses chantées au milieu de la rue, ni romance guimauve à la clef, ce film indien dénonce plutôt les habituels tabous d’une bourgeoisie professorale, glauque, hypocrite, lubrique, au travers des tribulations de héros aux mains sales, barbares mais touchants d’humanité. Le sentimentalisme reste prédominant dans les enjeux de l’histoire et dans les portraits sociaux, autant sauvages que nobles à l’intérieur d’une nature époustouflante. Dans un spectacle où vertus et puanteurs ne se révèlent pas où on les attend, on a surtout ici un hymne à la beauté, au voyage, à la découverte de soi et à la résilience intime, ponctué de fréquents cris de rage sociaux.