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chrischambers86
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3,5
Publiée le 9 octobre 2015
"Baal"...où l'ètrange aventure! Même un gènie comme lui doit avoir ses limites! L'adaptation d'une pièce de Brecht (sa première), avec l'immense Rainer Werner Fassbinder dans le rôle titre, bloquèe durant quarante cinq ans! il a donc fallu s'armer de patience pour dècouvrir enfin cette oeuvre maudite de Volker Schlöndorff qu'il signa dix ans avant son meilleur film, "Le tambour". En 1969, treize ans après la mort de Brecht, la tèlèvision allemande veut en faire une adaptation! Cette pièce ètrange, errance d'un poète anarchiste, provocateur et jouisseur, Schlöndorff choisit de la transposer dans une Allemagne contemporaine et va chercher ses acteurs au thèâtre dont la dèbutante Hanna Schygulla! Selon Baal, le schnaps blanc est sa houlette et son bâton! il est un amant sans maîtresse! il succombe! Entre forêts et longs d'autoroutes, Fassbinder bouffe littèralement l'ècran par sa prèsence! Après un magnifique plan d'ouverture, "Baal" nous entraîne dans un film sans pareil, gorgè d'une musique à la Bob Dylan, qui dèplaisait parait-il à la veuve de Brecht! Cette dernière fit d'ailleurs bloquer à l'èpoque le film de Schlöndorff...
Oh la !! Attention, à ne pas mettre devant tous les yeux et dans toutes les oreilles. J'ai adoré. Les textes poétiques se mêlent continuellement aux dialogues. Des scènes immorales que Sade aurait appréciées - mais avec aucun voyeurisme, désolé pour le grand public -, le tout illustré par une réalisation épurée, ambiance Nouvelle Vague. Et pourtant, même si vous n'aimez pas tout ça, qu'il est facile de descendre avec Fassbinder de marche en marche dans la crasse, dans le scandale, dans le refus, dans la recherche, dans le défi à la vie ! Qu'il fait bon d'être un peu sale, de mettre quelques claques, de se rouler dans la boue ! La poésie est scandée à merveille, en musique, comme le bon spoken word des années 70. Une interrogation sur la radicalité de la poésie, sur le sens d'un art sans direction, un art allégé de toute lourdeur morale... qui descend peu à peu vers la négation de soi. Normal pour la première pièce de Brecht, c'est peut-être quelque chose comme l'illustration de son questionnement-tiraillement sur l'art et l'engagement. Une oeuvre sûrement difficile d'accès, mais qui moi me restera.