Voilà un film qui aurait pu être une aimable comédie. Une de ces comédies rafraîchissantes qui vous donnent la pêche ou qui vous réconcilient avec le genre. Ca partait bien avec Hannah, femme qui couche avec les hommes qu’elle a chagrinés, parce que trop sensible, trop gentille. Ca partait bien avec ses parents algérien par son père, française par sa mère. Seulement, le genre s’avère ne pas être une comédie comme on nous le vend. Qu’à cela ne tienne, une comédie dramatique est un genre tout aussi acceptable. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai eu du mal à accepter le genre « comédie dramatique », sans doute en raison du ton donné dès le départ du film et des sujets qu’il finit par aborder. Quels sujets ? J’aimais bien le postulat de départ : coucher avec les hommes parce que trop gentille. C’est original. Et j’y ai cru. Seulement, y ajouter la pédophilie, la radicalisation et les travailleuses du sexe, j’ai fini petit à petit à ne plus y croire. Ou alors, il m’aurait semblait plus judicieux de traiter ces sujets sur le même ton. N’est pas Mel Brooks qui veut ! Et je le conçois aussi, ce n’était pas la démarche de Baya Kasmi. Dommage. Hannah qui couche avec tous les hommes à qui elle a fait de la peine était un sujet audacieux, original. Mais il fallu y mettre un grain de pédophilie. La musique guillerette se meut en accords graves, c’est normal, la pédophilie c’est grave. Il a fallu un zeste de radicalisation du frangin. Attention, se radicaliser par ces temps qui courent ne signifie pas être fiché. Radicalisation, c’est se recentrer à la source. Et là, le frangin d’Hannah ne supporte plus les jupes courtes de sa soeur, se réfugie de plus en plus dans la prière, a une femme voilée, et décide de s’installer en Algérie loin des tentations de l’occident moderne. Enfin, il y a une séquence où Hannah profite du quiproquo qui lui est destiné : Paul, un médecin qu’elle a rencontré, la prend pour une prostituée alors qu’elle discutait avec ses amies travailleuses du sexe. Le couple est content, ça les arrange bien, tous deux voulaient coucher ensemble ! Paul présente Hannah à ses amis et à sa soeur. Il ne cache pas l’activité de Hannah. Pour le coup, cette séquence est originale. Un délice d’imagination. Seulement, la réalisatrice nous pond dans cette séquence de la psychologie de comptoir de bas étage. En effet, les amis de Paul s’interrogent sur le comment devient-on une prostituée ? Evidemment, ça remonte à l’enfance, à de la maltraitance etc… tous les clichés, quoi ! Et l’on voit Hannah se remémorer ses périodes pénibles avec son tortionnaire dont on ne verra jamais le visage. Un détail sans importance. Quel dommage ! Faire de Hannah une femme libre, une couche-toi-là pour consoler des hommes était un sujet délicieusement immoral si tant est que ce soit immoral. Mais justifier son comportement parce qu’elle a été victime d’un pédophile, le délicieux s’effondre pour faire place à l’amertume. Pourquoi ne pas avoir poussé l’audace plus loin en prenant conscience qu’il y a des femmes travailleuses du sexe, consentantes, aimant leur activité et vierges de toutes persécutions ? Ainsi, la réalisatrice me donne l'impression qu'elle dénonce la prostitution comme une tare de la société française, et explique le comportement de son héroïne, fragile psychologiquement ! A-t-on idée de coucher avec tous les hommes qui ont de la peine ?!!! C’est n’importe quoi ! Et ben non, il y avait là un sujet qui aurait pu être délicieusement décalé mais il a fallu justifier à tout prix son comportement comme pour nous rassurer et nous installer dans une réalité de bas étage. Dommage, mille fois dommage, de Vimalas Pons à Agnès Jaoui en passant par Laurent Capelluto les acteurs étaient plaisants. Mais la tournure du scénario fait de ce film un film bancal et en ce qui me concerne décevant au final.