L’histoire de la rédemption du chanteur ex drogué, ex alcoolique, la vie réelle, la presse people et le cinéma nous l’ont déjà servie à de nombreuses reprises. Au point de renâcler face à un film s'intéressant à ce sujet rebattu ? S’agissant de "Someone You Love", ce serait une erreur. En effet, la réalisatrice danoise Pernille Fischer Christensen a su trouver les moyens d’injecter du sang neuf au sein du sujet. Comment ? En restant modeste et pudique aussi bien dans le domaine du scénario que dans la mise en scène, en sachant utiliser les ellipses tout en ne négligeant pas la compréhension chez le spectateur, et, surtout, en venant greffer la naissance d’une relation entre un grand-père et son petit fils sur la relation en faillite d’un père et de sa fille. Ne serait-ce que parce qu’elle a une importance primordiale dans le rapprochement qui va s’opérer entre grand-père et petit-fils, la musique, sans être loin de là omniprésente, joue un rôle majeur dans le film. Cette musique, « elle vient du blues », Thomas citant Son House, célèbre chanteur et guitariste de blues, originaire du Mississippi, comme ayant été celui qui l’avait ouvert au chant et à la guitare. « Elle vient du blues », mais elle a un peu évolué, Thomas Jacob se situant musicalement dans la mouvance Americana, quelque part entre Mark Lanegan et Leonard Cohen : Lanegan lorsque le film nous fait assister aux sessions d’enregistrement en studio, Cohen lorsque Thomas apparait en concert, à la fin du film. En 2006, Pernille Fischer Christensen avait obtenu l’Ours d’Argent du Festival de Berlin avec "Soap", un film dont le scénario avait été écrit, comme "Someone You Love", avec Kim Fupz Aakeson. "Someone You Love" confirme ses qualités de scénariste et de réalisatrice.