Que la campagne est belle ! et qu'il est parfois difficile d'y résister. Résistance ! rares sont les fois où nous pouvons, nous, les femmes, jouir pleinement de ce mot. Encore plus cette année 2015 qui a vu (enfin) fleurir au Panthéon deux très grandes figures de la Résistance. Ce mot est aussi souvent malmené, mis à toutes les sauces, pour des causes si minimes ...Heureusement pour nous aussi, il y a des femmes qui mettent en scène, qui reviennent sur des pans de l'histoire et les combats menés par des femmes. Comme ce petit bijou qu'est "la belle saison". Au delà de la campagne, qui reste magnifiquement filmée, il y a aussi les actrices qui mènent (c'est le verbe approprié) leur barque. Toutes. De cette scène de l'amphi qui s'achève en chanson, à l'intrusion des féministes dans une conférence où un médecin plaide l'anti avortement. Du début d'une histoire d'amour et toutes les angoisses liées au regard des autres. Qui plus en Province, à la campagne. Cette campagne (encore un terme approprié) où les regards n'ont pas encore tout à fait changé. Malheureusement. Le personnage de Cécile de France (Carole) dit quelque chose de très juste et fort "ce n'est pas le regard des autres le problème, c'est toi qui te surveilles, tu es ta propre flic". Elle s'adresse au personnage joué par Izia Higelin (qui prouve par ce film que sa place dans le cinéma français est tout à fait justifiée), fille de paysans, qui n'ose dévoiler ses sentiments auprès des siens mais surtout des autres, de peur d'être jugée par ce monde rural qui l'a vu grandir. Je ne suis pas certaine qu'une femme ayant grandi dans un village de 600 âmes, revenant main dans la main avec sa compagne pour un déjeuner du dimanche avec les parents, soit, même en 2015, encore si bien acceptée. Des parents, peut-être. Mais des autres...
Nina Simone a dit "la liberté c'est de de ne plus avoir peur". Dans ce film, les filles, femmes, n'ont pas peur et il faut entendre et voir que dans la réalité, de nombreuses femmes n'ont pas eu peur de vouloir être libres. La preuve, on en fait un (des) films (s).
Ce film est une belle histoire d'amour où deux êtres, deux corps, deux esprit, se rencontrent. L'une tombe amoureuse, l'autre est en couple (avec un homme) et ne résiste pas à l'appel de l'amour et de la passion. Il y a de la passion dans ce film. Les deux actrices se complètent, fusionnent et leur amour est beau. Il y a aussi la mère, Noémie Lvovsky (épatante comme toujours) qui a des yeux pour voir mais les ferme quand ça l'arrange..., représentante exacte de ce qu'une femme est prête à faire pour rester dans le rang : se soumettre et ne rien dire.
Il n'y a rien de trop dans ce film, tout est bien pensé. Jusqu'aux poils sous les aisselles. Assumés. Les années 70.
La fin est belle et reste un des plus beaux moments. Parce que chacun pourra l'imaginer vraiment.
L'adjectif "beau", au féminin "belle" est donc parfaitement à sa place tout comme cette saison qui, je l'espère, en verra d'autres, fleurir.