Je ne sais pas vous, mais en voyant la bande annonce, je craignais de revoir une sorte de mélange de "Contact", ou encore de "Rencontres du 3ème type", avec un zeste de "Independance day". En fait, c’est un peu des trois, sans en être vraiment. Par une réalisation des plus sobres, la sensation de déjà-vu est vite balayée par une étonnante immersion dans l’histoire, provoquée par une tension allant en s’accroissant, dans une ambiance de plus en plus pesante, le tout magnifiquement porté par une musique (superbe création de Jóhann Jóhannsson) qui colle parfaitement au film, en particulier lors des premiers contacts. Pourtant nous avons une succession de scènes similaires pour retranscrire toute la difficulté de l’opération quant à ces prises de contact. De ce côté-là, c’est très réussi. Amenée par un certain nombre de questions restant durablement sans réponses, et par les incursions toujours intimidantes dans un vaisseau inconnu au décor simple mais froid qui bouscule tout sens de repère des humains, la tension est palpable et prend le spectateur aux tripes. Ces contacts ne sont pas loin d’être hypnotiques, tellement ils sont fascinants. On ressent d’ailleurs aussi bien la peur que l’émerveillement des protagonistes. Pourtant on pourrait dire que l’histoire piétine, qu’on n’avance pas, à l’image des négociations. Mais la densité mise dans cette phase efface tout effet de longueurs. En fait, toute la première partie est de haute-volée. De la réalisation de Denis Villeneuve, il n’y a pas grand-chose à jeter, bien que j’ignore totalement si le film suit à la lettre ou pas le roman "L’histoire de ta vie" de Ted Chiang. Je vous l’ai dit, c’est sobre, sans effet tapageur, même si on doit reconnaître une certaine originalité dans le design des vaisseaux (lignes très épurées dans leur aspect extérieur) venus stationner sur notre bonne vieille planète, et dans l’aspect des extra-terrestres, ainsi que dans leur mode de communication. Les effets visuels sont d’ailleurs très convaincants. Amy Adams porte le film sur les épaules, ce qui équivaut à une petite performance en tenant compte du fait qu’on a doté son personnage d’une psychologie perturbée par des souvenirs heureux et douloureux. Ces souvenirs
(mais en sont-ils vraiment ?)
finissent cependant par nous désarçonner
plus ou moins car on finit par ne plus trop savoir à quoi ils correspondent (passé ou avenir ?)
, ce qui contraste fortement avec la belle communion qui ressort de ces rencontres avec les extra-terrestres. Alors que le chaos imminent (qu’on peut imaginer sans peine comme dans tout film américain qui se respecte) se fait sentir, nous avons un changement de cap radical pour arriver à une fin quelque peu précipitée et mal maîtrisée en raison d’un manque de développement pour la bonne compréhension de tout le public. J’ignore comment elle a été menée dans l’œuvre littéraire, mais l’impression d’une fin relativement bâclée est là.
J’aurais aimé par exemple que le décryptage du langage soit plus explicite.
Là est le truc qui peut en déranger plus d’un. Cependant le message passe, offrant ainsi matière à réflexion qui a le mérite d'être posée aux humains et surtout à leurs dirigeants politiques,
tout cela en intégrant le thème du temps (profiter de l’instant présent, car après tout le temps est compté),
en concluant sur une constatation écrite par Louise (Amy Adams) et contestée dans l’hélicoptère par Ian (Jeremy Renner). Aussi, il est nécessaire d’être particulièrement attentif sur les répliques, parce que certaines d'entre elles prennent une importance capitale en fin de film. Mais au moins, la boucle est bouclée.