Mister Babadook est le tout premier film réalisé et écrit par Jennifer Kent, qui est pour moi une parfaite inconnu... mais qui ne démarre pas si mal que ça pour ses débuts en tant que réalisatrice et scénariste puisqu’elle a également écrit l’histoire de ce film. En lui-même, Mister Babadook n’est pas plus terrifiant que n’importe quel (bon) film d’horreur/épouvante et ne surpasse pas les dernières réalisations de James Wan dans ce domaine, mais il est assez malsain sur les bords et d’après ce que j’ais pu voir, c’est un bon clin d’œil à l’expressionnisme allemand en plus d’avoir une seconde écriture assez intelligente bien qu’elle me semble tirer sur les bords.
Alors, qu’est-ce que ça donne du côté du casting pour un premier film ? Et bien, Essie Davis s’en sort superbement pour jouer une mère en pleine dépression et mélancolie, en plus d’interpréter la schizophrénie maladive du personnage d’Amelia pour qui on a plus de pitié que de reproche, alors que pour Samuel c’est plutôt l’inverse, moi je ne lui trouve pas grand-chose d’attachant et quant à Noah Wiseman, c’est juste très moyen la plupart du temps, autant par moment il sait jouer le possédé sans mal et faire sa crise d’enfant sans problème, autant parfois il a des expressions faciales totalement en désaccord avec le propos sans qu’on comprenne exactement pourquoi. Pour parler de leurs personnages, on aura plus de compassion et de pitié pour Amelia que pour son fils qui était tellement détestable avec sa mère qu’on aurait eu envie de le voir souffrir davantage. On voit qu’ils sont tourmentés et que leurs relations sont chaotiques et instables à cause du jour de la naissance de Samuel
qui marque aussi le jour du décès de son père, ce dernier emmenant sa femme à l’hôpital pour qu’elle puisse accoucher de son enfant.
Leurs rapports sont bien travaillés dans ce film, et c’est la raison pour laquelle on est plus proche d’un drame familial sur fond d’horreur psychologique comme dans "Sixième Sens" de Shyamalan que d’un film d’horreur classique avec tous les clichés éculés du genre.
Contrairement à la plupart des films d’horreurs… enfin je devrais dire qui prétendent être des films d’horreurs (la saga Saw, "Evil Dead" le remake, etc…) ou tout ne repose que sur le jump-scares ou l’hémoglobine en veux-tu en voilà, Jennifer Kent va plutôt se concentrer sur l’ambiance qui se veut et se révèle assez sombre et malsaine pour nous tenir en haleine avec des couleurs ternes tournant autour du gris et du noir la plupart du temps. Tout cela en apportant une véritable histoire et des vrais personnages, ce qu’avaient fait James Wan avec "Conjuring" et "Insidious", ainsi que Stanley Kubrick avec "Shining". De ce fait, on éprouve des émotions variés pour les personnages, au lieu de toujours vouloir les voir se faire buter jusqu’au dernier comme dans un Slasher movie à deux balles, on s’intéresse à leur vie et on s’attache à ces protagonistes, plus ou moins en tout cas parce que désolé de me montrer aussi cruel sur ce point mais quand on voit un gosse aussi envahissant, hystérique et désagréable que ce petit merdeux de Samuel, on a souvent qu’une envie, aller dans le film pour lui coller des baffes et lui faire la leçon (et n'allez pas me dire que c'est parce qu'il est hanté par le Babadook parce que ça n'excuse pas son anormalité même si c'est une peur d'enfance sur lequel joue le réalisateur) !
Malgré tout, pour ce qui est de l’horreur dans ce film, on peut la traduire comme étant imaginaire ou réel car, Kent a eu l’idée brillante de jouer sur l’apparence du Babadook car, pas un seul moment on voit son corps en entier, on n’en verra que quelque partie ou alors on ne le verra que très brièvement sans jamais savoir à quoi il ressemble physiquement. Mais comme on ne le voit jamais, on est en droit de se demander : est-ce que ce monstre existe vraiment ? Car, dans un premier temps
c’est Samuel qui se révèle être tourmenté et terrifié par cette créature plus qu’imaginaire alors qu’on ne le voit jamais, avant que ça ne soit sa mère qui commence à avoir des frayeurs nocturnes
auxquels s’ajoutent ce mystérieux livre et ce drôle de monstres en noir et gris, synonymes de l’expressionnisme allemand, une schizophrénie se développe chez elle et à partir de là, ce film devient un huit clos suffisamment bon pour nous tenir en haleine devant l’écran jusqu’à la fin du film avec un retournement assez inattendu.
Kent joue sur notre imaginaire en nous laissant le soin de nous représenter à quoi ressemble ce fameux Mister Babadook, qui, à l’évidence même,
sera en fait l’incarnation du père de Samuel qui symbolise la peur, la tristesse et la haine que peut éprouver Amelia envers son propre fils
alors qu’elle a parfaitement conscience qu’il n’est en rien responsable dans la mort de son père. Tout ça pour dire que ce film est un film d’horreur psychologique qui tire ses qualités des rapports entre la mère et le fils, de leur folie commune qui naît très probablement de la mort du père de famille, et tout cela est très bien ficelé, et cette peur naît pourtant d’un simple livre d’enfant, ce qui apporte de vrai moment de noirceur à ce film.
La mise en scène est étudiée et cadré efficacement, tout en faisant aussi référence à l’expressionnisme allemand avec ce jeu de lumière et d’ombre, d’ailleurs les films que regarderont les personnages par moment seront aussi des clins d’œil à l’expressionnisme allemand, et on évite les facilités du film d’horreur avec les jump-scares continu ou autre clichés du genre.
Alors pourquoi je ne lui attribue pas plus malgré touts ces bons points ? Et bien parce que, premièrement je n’ais pas eu de peur d’enfance qui me hante donc le film n’a pas eu autant d’impact sur moi que sur d’autres personnages, ce qui explique pourquoi je n'arrive pas à supporter Samuel et son hystérie maladive et je comprendrais que certains veulent me pendre haut et court pour ce que j'ais dis sur lui. Et aussi deuxièmement parce que : quand je voyais la mère dans son état de schizophrénie
(ou possédée, chacun interprète comme il veut)
j’avais plus envie de rire qu’autre chose en attendant qu’elle tue ce petit râleur de Samuel, et puis les insultes qu’elle balançait à son propre enfant me faisait tellement de bien car pour moi c’est mérité et voire une mère insulter son gosse comme ça dans un film d'horreur, ça me fait totalement délirer... ET OUI ! Je sais que c’est monstrueux de ma part de dire ça mais il y a bien des gens qui rient comme des cons devant des Torture porn à la con comme "Evil Dead" ou "Saw" alors moi aussi j’ais le droit d’être un pure connard par moment si j’en ais envie. Mais bon rassurez vous, ce film arrive à foutre l'angoisse mais à ce moment là, vous aurez soit peur, ou alors vous aurez probablement envie de rire si ça vous paraît ridicule.
Donc, verdict final pour ma part : Jennifer Kent est à suivre en tant que cinéaste, car elle est capable de faire mieux que ça encore et de nous surprendre dans les années à venir, c’est un bon début pour son premier film, alors restons aux aguets pour voir ce qu’elle nous pondra prochainement.