Ô, profond désespoir dans lequel tu me plonges, pourquoi "Babadook", pourquoi décides-tu de t'acharner si cruellement sur ceux qui attendait un minimum de toi … Comme tous les étés, j'arpente les ruelles sombres de cette ville dès lors plongées dans le noir à l'apogée de son crépuscule, et je pénètre dans la première salle venue présentant un film "d'Epouvante-Horreur" comme un pucelard-campagnard entrerait dans un bordel à peine débarqué en ville. Oh non, loin de moi l'idée de blâmer ces êtres venus de la campagne, j'en ai parmi mes gens, et je sais ce qu'est la campagne, Louis-Ferdinand le savait aussi. Dis moi Céline, que penses-tu de la campagne ? "J'aime pas la guerre parce que ça se passe à la campagne, et la campagne ça m'emmerde ". Merci Céline. Bref, j'ai de nouveau failli me perdre dans mon flot textuel de banalités alarmantes et monotones. Parlons peu, parlons bien, et parlons des choses qui fâchent.
C'est l'histoire d'une mère, veuve, et loin d'être joyeuse, qui éduque son salle mioche seule dans une grande maison un peu flippante (mais juste un peu parce que les films d'horreurs ne peuvent pas se passer dans des maisons modernes). Le gamin, hanté par les monstres, décide de faire lire à sa douce, jeune et jolie maman un livre nommé "Mr. Babadook". Après lecture de ce livre (sans doute plus intéressante que la lecture du scénario), le Babadook se manifeste, mais la mère n'est pas dupe, le Babadook n'existe pas. Que nenni, le fils endosse sa panoplie Rambo et part à la chasse aux monstres. Et tout ça dans des moments ridicules, souvent pas joli à l'écran, et tout le temps accompagné d'une musique exagérée et perce-tympan.
Par où commencer ? Alors que nous attendions avec impatience des films qui nous prennent autant aux trippes que " Répulsion " ou " Rosemary's Baby " puisqu'il en est comparé, nous avons le droit à " Mr. Babadook ", un espèce de long-métrage aux ambitions faiblardes et à une ambiance injustement absente. Je suis là, je tend mon billet pour aller te voir, je veux te voir, je t'aime déjà, je lis tes critiques et les gens te comparent à des chef d'œuvre (mais aussi à The Conjuring alors là je m'inquiète un peu tout de même), je suis devant toi, je te fixe pendant une heure et demi, je m'apprête à voir un film, non pas brillant mais plus ou moins correct, j'attends de toi que tu me fasses frissonner l'échine, je tremble déjà, mais toi, violemment, tu me jettes ton générique à la gueule sans rien m'expliquer, hop, comme ça. Oui "Mr. Babadook", pour parler poliment, tu m'as fais l'amour. Parfaitement. Et tu ne m'as même pas dis merci.
La plupart des choses ont été dite en quelques jours, le duo mère/fils est brise burne, l'un comme l'autre ne peut nous attirer la moindre empathie. Le fils, un dégénéré mental à caractère violent et parfois même psychopathe, nous donnera des envies brutales d'additionner tous les moyens contraceptifs du monde. (L'abstinence étant le meilleur, quoi que l'homosexualité aussi d'après mon coiffeur qui est moins grec que Nikos Aliagas mais qui l'est tout de même un peu … deux clichés pour le prix d'un). La mère, paranoïaque et schizophrène, fait plus flipper que n'importe quel monstre de film d'horreur, et ne dégage aucune sympathie, ni même un brun de pitié. Outre le caractère surjoué de ce "couple", le film est plat en rebondissement, l'intrigue est mollassonne, l'épouvante pointe le bout de son nez sous la forme du " babadook " qui n'est qu'un mauvais prétexte pour nous plonger de force dans le sujet de la perte d'un être cher. Au final, on comprend rapidement que nous ne sommes pas dans un film d'horreur mais dans un drame et que ce monstre est dispensable. Très dispensable.
Alors certes, nous avons à faire à un film dénué d'originalité, un thème facile à aborder et de plus en plus fréquent, que ce soit sous le visage de l'horreur, du drame ou de la vengeance, nous en bouffons de plus en plus au cinéma. Plus ou moins bien abordé d'ailleurs. Mais nous foutre un monstre à la Nosferatu, nous bourrer le mou avec des personnages considérés comme originaux et brillants de la trempe de Rosemary, nous gaver de scène à la Shining (si, avouez que tout de même, le coup de l'imitation + "i'm gonna bash your brain", ça va mieux à Nicholson), nous incendier de clichés du genre, est-ce bien raisonnable ? (Dixit Desproges). Ami cinéphile, je ne vais pas pisser sur le cadavre du film, non, bien au contraire, je me dois aussi d'applaudir la non-présence de Jump-scares. Cette mode " Jump Scares " est pou le genre "Horreur" ce qu'est la paix pour les militaires : elle est son pire ennemi. Je dois aussi dire que la fin m'a surpris, un peu, même si trop brève, disons que c'est la seule chose qui ne rentre pas dans le moule du " film d'horreur lambda".
Bon Film :)