Avis sur Les dents du bayou

Attention, nanar de classe mondiale à l'horizon. Dans le bayou, des crocodiles d'une nouvelle espèce espèce boulotent les bouseux du coin. Voilà pour l'intrigue principale, il faut ajouter la fifille à son papa qui revient de la ville, la haine entre deux familles, la gnôle frelatée déversée dans le bayou. Le plus drôle étant que les crocos en question ne sont autres que des humains qui se sont transformés suite à l'ingestion de viande du reptile contaminée par la gnôle. Cela donne des scènes surréalistes de la fille parlant à son père devenu croco (on le reconnait car il a une dent en or, et oui, la fausse dent humaine s'est transformée en fausse dent en or de croco hum...hum...) ou encore le petit ami de la fille qui lui aussi s'est transformé. Décidément, elle a pas de bol. Enfin, bref, c'est involontairement drôle car en plus les acteurs jouent comme des savates et que bien évidemment, les effets spéciaux sont à la ramasse.

Les dents du bayou est un métrage un peu gênant car il aurait clairement pu être bien supérieur à la note que je lui attribue s’il avait suivi tout du long son style de départ.
Coté casting le film peut compter sur des acteurs plutôt inégaux certes, mais qui incarnent bien leurs personnages avec une conviction et surtout une dimension excessive et volontiers caricaturale qui dépote. Les rednecks cajun sont tellement caricaturaux qu’ils font franchement rire, l’assistante du shérif est totalement en roue libre mais c’est là aussi très drôle. En fait la seule actrice qui surnage en terme de jeu, c’est Jordan Hinson, qui dans le rôle principal assure pleinement. En tout cas j’ai senti un casting bien sympa, qui prend l’ensemble avec du recul, et ne cherche pas trop à faire sérieux.
C’est aussi le cas du scénario, mais pendant la moitié du film malheureusement. En effet pendant la première partie on assiste à des présentations de personnages délirantes, à des dialogues risibles, à des gags balourds mais toujours bien sympas, bref, à une franche comédie fauchée dans la veine d’un mega Python versus Gatoroid. Le souci c’est que dans sa seconde partie le film perd toute cette dimension, et s’oriente sur un film de monstre finalement très classique, que quelques rares bonnes idées (le présentateur d’émission extrême) viennent relever. Malheureusement le film n’a pas les qualités requises pour tenir dans le sérieux, et malgré une fin très originale, la deuxième partie affadie fortement l’ensemble, qui d’un véritable portnawak radical cède à un académisme trop prononcé.
La réalisation c’est du Griff Furst, donc pas besoin d’espérer grand-chose. C’est mal fichu, les scènes d’attaques sont totalement improbables, on dirait souvent un film amateur, bref c’est le gros foutoir, et l’on voit bien que Furst n’a pas bénéficié de beaucoup de temps pour emballer son film. Visuellement c’est de même assez moyen, avec des décors de bayous pas très bien exploités, et une photographie comme souvent trop quelconque. Les effets spéciaux sont sinon fort médiocre, mais on est habitué avec le réalisateur. Honnêtement il ne faut surtout pas s’attendre à la moindre chose de crédible, et même coté effets horrifiques il ne faudra pas être du tout exigeant. A cela on peut ajouter une bande son pas très convaincante non plus.
Bref, Les dents du bayou appartiennent au registre de film à 0.5 point lorsqu’il joue la carte du film sérieux qui s’y croit. Là on a une première partie clairement comique, qui de fait sauve le métrage, car c’est vrai, c’est rigolo. Mais la deuxième partie baisse de ce côté, pour s’orienter vers une dimension plus sérieuse. Ce partage me fait lui accorder un 2.5, une moyenne qui prend bien sûr en compte le budget dérisoire de la production, et un côté fun et dynamique général, décomplexé, qui fait tout de même plaisir. Après tout, ce genre de film prouve que presque n’importe qui peut faire un film commercialisable, et ça fait tout de même rêver.

Minable. Pathétique. Scandaleux. Et je pèse mes mots. Même dans un très, très mauvais film, il y a toujours quelque chose à sauver. Un plan, une réplique, le joli minois d'une actrice. Là, il n'y a rien. Les dents du bayou est un très, très mauvais (oui, je me répète mais je n'ai pas trouvé mieux) téléfilm écrit et réalisé en dépit du bon sens par je ne sais quel usurpateur dont il faudra m'expliquer en quoi son talent lui justifie de faire des films. Les personnages ont des réactions complétement incohérentes. Genre l'étudiante qui se dit végétarienne, protectrice des animaux mais cette mijaurée ne trouve aucun inconvénient à aller tuer de la peau de sac à main. Et encore, la première moitié n'est pas la pire. Quitte à aller dans le grand n'importe quoi, autant le faire à fond. C'est qu'ont dû se dire les responsables de cette catastrophe peut-être pas dupes de leur manque de compétence à tous. Ce serait un signe d'intelligence. Car figurez-vous que cette tribu de pécores va se transformer en spoiler: crocodiles
. Oui, oui. Et puis les scènes n'ont aucun lien les unes avec les autres. On passe d'une séquence dans un bar à une autre à l'autre bout de la ville sans que ça ne fasse avancer l'intrigue. Même le monteur a dû démissionner à mi-parcours. A part les redneck de la Louisiane qui ont dû se réjouir qu'on fasse un film sur eux (bien que dans Les dents du bayou, les pauvres apparaissent surtout comme des crétins congénitaux), même l'amateur de nanar le plus averti restera interloqué devant cette...cette "chose".

J'ai trouvé ce film grotesque, avec des gags bien "gras", des dialogues d'une médiocrité affligeante, une bande son inexistante ou presque, des acteurs qui ne savent pas jouer. Je mets un demi-point pour le scénario parce que j'ai été légèrement surprise par le 3ème tiers du film... spoiler: quand le père et surtout les autres membres de la famille de la fille se transforment en crocos.