Après deux premiers épisodes de très haute volée, la saga "Moi, moche et méchant" marque un très sérieux coup d’arrêt avec ce troisième opus. Il existait certes, des signes avant-coureurs avec le spin-off "Les Minions" qui avait voulu exploiter l’extraordinaire popularité (méritée) de ces personnages jaunes et qui m’avait un peu laissé sur ma faim en raison d’un manque d’écriture flagrant et d’un sentiment d’overdose déjà prégnant. Avec "Moi, moche et méchant 3", on se rapproche dangereusement de la sortie de route et les raisons sont multiples. Tout d’abord, et sans surprise, l’histoire est franchement dépourvue d’intérêt et envoie l’intégralité de ses personnages au casse-pipe. Les anciens n’évoluent absolument plus, que ce soit Gru (Gad Elmaleh en VF) en ancien méchant devenu gentil (dont on sait qu’il ne rebasculera pas du côté obscur), les Minions qui sont, à nouveau surexploités dans une sous-intrigue à l’importance disproportionnée (et qui commencent à agacer alors qu’ils étaient hilarants en voleurs de scène dans les deux premiers opus), Lucy (Audrey Lamy en VF) qui se voit cantonnée au rôle de belle-mère déjantée ou les filles (Agnès, Margo et Edith) qui voient leur place considérablement diminués alors qu’elles étaient un des moteurs de la saga. Quant aux nouveaux, ils sont plein de potentiel mais ne parviennent pas à se faire une place dans le marasme ambiant. Le grand méchant Balthazar Bratt, ancien enfant star devenu adulte au look exclusivement 80’s (David Marsais en VF) avait, pourtant tout, sur le papier, pour être extraordinaire… mais ne sert que de catalyseur de vannes sur les années 80 (le moonwalk de Michael Jackson au son de "Bad", le Rubik’s cube, les Malabars, les costumes à épaulettes…). C’est bien peu. Idem pour Dru (Arié Elmaleh en VF), le frère jumeau de Gru qui souffre, non seulement de son statut d’idée poussive de scénariste en mal d’inspiration (peut-être qu’on aura droit dans l’avenir au retour du père de Gru ou d’un fils caché) mais, également, d’un côté braillard qui saoule assez rapidement. De manière générale, le film donne une impression d’avoir été bâclé à coups d’idées caricaturales vues mille fois et de sous-intrigues multiples dépourvues de lien entre elles, le tout recouvert d’un humour à base de prout, pipi, caca et autres langues tirées ! Ce nivellement vers le bas est franchement incompréhensible au vu de la qualité des deux premiers épisodes qui brillaient par leurs gags et leurs dialogues (même quand ils flirtaient avec le scato). Ici, pour être clair, on s’ennuie sec, y compris devant les vannes censées parler aux adultes (voir la représentation improbable de Gérard Depardieu, si mal exploité qu’il a échappé à beaucoup). Pour autant, il reste quelques moments amusants et Agnès reste ma chouchoute avec sa passion pour les licornes. Et puis, les enfants seront ravis de retrouver leurs héros… comme le prouve le carton du film au box-office, malgré ses défauts ! Un succès qui ne devrait pas inciter les producteurs à arrêter les frais. Espérons, alors, qu’ils soigneront davantage le très probable quatrième opus à venir.