"Refroidis"
de Hans Petter Moland
La vengeance est un plat qui se mange froid
Il est toujours agréable de visionner une histoire se déroulant dans la neige. Les frissons sont plus amplifiés et l'espace original procure un réel plaisir d'autant plus si le film est un thriller. C'est le cas du film norvégien "Refroidis" de Hans Petter Moland, lauréat de nombreux prix bien mérités. La Norvège, peu prolifique en matière de films de cinéma, avec une moyenne équivalente à celle du Maroc, se situant entre 10 et 20 longs métrages par an, à cette différence près que le pays opte pour la qualité, la Norvège produit des films originaux souvent en coproduction avec les autres pays scandinaves et rarement les résultats sont décevants. Cette région du monde, à l'espace bien spécifique, produit des films en parfaite harmonie avec son espace, froid, neigeux et glacial souvent en contradiction avec le ton des films, chaud, dynamique et mouvementé. Le froid n'a jamais eu raison des personnages emportés par l'action qui s'impose. "Refroidis" vient enrichir les nombreux thrillers à succès produits en collaboration avec le Danemark et la Suède, privilégiant des histoires originales basées sur des scénarios efficaces et porteurs de surprises comme se doit l’être tout film reposant sur une intrigue. "Refroidis" surprend tant par le cadre, le statut et le profil des personnages issus de milieux communs aptes à tous les débordements en réponse à des instincts enfouis même chez les plus humbles des citoyens, transformés en monstres accomplis. Révolu le temps où la justice est uniquement policière comme le préconise le cinéma hollywoodien obéissant à une idéologie largement dépassée. "La vengeance est un plat qui se mange froid" par des individus ordinaires, humbles, modestes, en quête d'une illusoire tranquillité et une paix sociale utopique. Telle semble la morale de ce film plutôt simple, linéaire, cependant efficace et haletant que la Scandinavie sait si bien réaliser grâce à la compétence de ses cinéastes mais grâce également au talent multiple et mondialement prouvé des ses acteurs en particulier le comédien suédois Stellan Skarsgard (63 ans), toujours aussi convaincant, aussi juste, aussi froid dans un rôle sur mesure. Il donne ici la réplique à un autre acteur de talent, célèbre sous le nom de Bruno Ganz (73 ans), allemand de nationalité mais dont la prestance a largement dépassé les frontières depuis des décennies déjà et que les cinéphiles des années 70 et 80 vénéraient suite à ses rôles dans les films de ses compatriotes Volker Schlondorff, Werner Herzog, Peter Handke et Wim Winders. Sa présence dans "Refroidis" a ajouté un délicieux gout à l’arôme déjà mielleuse du film.