Un beau et riche restaurateur, exubérant, tombeur, fêtard et libre, rencontre une avocate un peu complexée par sa beauté moyenne et rêvant de s’envoler vers d’autres cieux. Coup de foudre, érotisme brûlant, et très vite enfant, famille, et, pour celle qui ne peut s’empêcher de l’adorer, découverte de l’abîme de plus en plus vertigineux d’avoir à vivre au rythme d’un éternel ado, pervers narcissique, manipulateur, porteur du fantôme de son ex, de ses dettes, son égocentrisme et son addiction, mais qui pourtant s’avère authentiquement amoureux.
A priori rien de très original à raconter la vie d’un couple sur une quinzaine d’années, entre rencontre, mariage, famille, tromperie, divorce, réinvention d’un indestructible lien, ponctué de joies explosives comme une cascade de shoots et de l’apprentissage despotique de l’oppression amoureuse. La différence se fait lorsque c’est génialement filmé, amené et joué. Intimiste et presque quotidien, sa réalité nous concerne, nous embaume et nous terrifie par l’identification des jeux exaltés, des perversions douloureuses, des pétrifiantes descentes en enfer, et des laborieuses reconstructions des cœurs quand ils savent refleurir.
Vincent Cassel et surtout l’extraordinaire Emmanuelle Bercot sont absolument étourdissants dans leur incarnation respective, leur démesure comme leur justesse, leur intériorisation comme leurs éclats, leur convictions comme leurs modesties. Et Maïwenn a opté pour une mise en scène dont les rythmes, la proportion chronologique et les dialogues sont conformes aux ambiances et à la mesure des actes et des sentiments de cette romance passionnelle.