Le scénario, terrible jusqu'à sa dernière minute, met en scène une femme, un personnage quelconque, simple, naturelle, ouverte et joyeuse, et un séducteur quelque peu étrange, à qui rien ne doit résister, extrêmement intelligent, à la situation professionnelle et matérielle floue, qui maîtrise son univers et son entourage, ou en tout cas, qui en donne l'apparence. Ce film semble traiter un véritable problème de société et vulgariser les relations destructrices entre ce qu'on appelle un pervers narcissique, et ce qu'on appelle une proie. Est il réellement capable d'empathie ? Est elle réellement la victime ? Ce film n'écarte aucun des aspects de ce type de relation, sans diaboliser, sans juger : uniquement pour montrer. Pourquoi l'a t il choisi, elle ? et pourquoi l'accueille-t-elle, elle qui - on peut le dire, ne manque ni d'intelligence, ni d'expérience, ni d'une situation professionnelle et sociale ? Sans revenir sur la profondeur des scènes et le choix des autres rôles qui entourent le couple, je salue très sincèrement le recul du réalisateur, et la volonté de traduire l'idée suivante : le temps n'a pas d'impact sur le lien toxique. Le seul moment où cette femme se rapproche d'elle-même et recommence à rayonner, est lorsqu'elle est isolée. Un isolement qu'elle s'impose presque, à bout de force. Apres 10 ans d'une relation intenable et des blessures profondes sur le plan émotionnel, et physique (qu'elle provoque volontairement, semble t il), après autant de travail et d'introspection de réedacutation (à la vie elle-même, peut on même dire), la scène la plus forte surgit. La caméra filme ce qu'elle voit : un plan ralentit sur chaque détail du visage de cet homme qui se tient près d'elle sans la regarder, ou plutôt sans la considérer. Elle cherche le contact, il l'ignore sans effort et semble t il sans émotion, sans empathie. Toutes les formes de violence sont traitées : morales, physiques, celles qu'on s'inflige à soi-même, celles qu'on inflige aux autres, et celles qu'on autorise l'autre d'infliger. Merci pour ce film, qui, j'en suis sûre, a touché nombre de femmes et d'hommes ayant vécu cet sorte de relation inexplicable, que depuis l'intérieur.