« Mon roi » pourrait se comparer à la découverte du plus sublime des diamants, mais dont la taille mal dégrossie entraîne des pertes de brillance, laissant ça et là, toutefois suffisamment d’éclat de vie pour l’apprécier quand même.
De la vie, il y en a dans ce film passionnel. A commencer par les deux interprètes, Emmanuelle Bercot ultra crédible jusqu’à l’excès. Vincent Cassel, lui est un peu moins convaincant, acteur spongieux, il a besoin d’être dirigé et son malaise se ressent par quelques flottements. A noter aussi la prestation de Louis Garrel, très bon en élément temporisateur, il est désopilant.
Et bien évidemment, « Mon roi » concentre aussi beaucoup d’éclats, de rires, de larmes, de crises qui éblouissent généreusement dans un premier temps, et finissent par agacer dans leurs redondances.
Tony, Giorgio… Giorgio, Tony… indissociables depuis qu’ils se sont « retrouvés », vont vivre une relation fusionnelle, si ardente qu’elle finira par fondre et s’écouler en une lave de fiel dévastatrice. Lui est égocentrique à la limite de la perversion narcissique, elle est névrosée et complexée par ses origines modestes, la séduction, puis l’illusoire attirance mutuelle, une sorte de bien être, se poursuit de crises en crises en une espèce de hate story maladive alimentée par les psychotropes, l’alcool, la drogue…
Ce qui sauve le film de Maïwenn de la totale neurasthénie, ce sont les états de grâce, je ne parle pas des rabibochages tous aussi malsains que le reste, mais bien la manière de filmer ce couple dans un tel contexte. Elle réussit à nous communiquer sa fascination pour cette fracture entre deux êtres, trop sans doute car la plupart des scènes traînent en longueur. Pourtant, la magie cinématographique opère souvent, ému avec eux sur les belles étapes (la déclaration, le bébé…), ulcéré devant les mensonges éhontés de Giorgio, excédé par les agissements souvent hystériques de Tony. Ces moments là sont des moments forts, précieux qui bousculent.
Maïwenn nous impose sa vision (comme c’était le cas dans ses deux précédents films) avec suffisamment de conviction et force de réalisme pour que l’on y adhère. Ce que l’on peut regretter par contre, c’est une fois encore l’intrusion d’éléments très swagg (du genre la présence de Norman) qui donne l’impression que la réalisatrice n’a pas confiance en ce qu’elle fait et s’assure ainsi que son film s’inscrive bien dans l’air du temps.
En relisant ces quelques lignes, je me rends compte que je n’ai pas évoqué une seule fois le mot « amour », il est vrai que « Mon roi » est tout sauf une histoire d’amour