MON ROI ou le récit tumultueux d'un amour avec un grand A, avec son lot de cris (hurlements sous la pluie près des quais de Seine), de confessions feux-de-l'amouresques (larmes à l'iris, bien entendu) et de cassage (poing dans la vitre, rayage de voitures)... Bref, de la violence, de l'hystérie, de la rage. Alors pour adoucir le tout, Maïwenn fait appel à son sens de la tchatche - discutable - et continue à faire du cassage, mais verbal cette fois. Comme quand notre héroïne Tony se lie d'amitié avec des banlieusards oh si sympathiques, et ça donne lieu à des scènes se voulant drôles (y a de la bonne volonté, là-dedans, y a même Norman en guest star...). Le but premier de ces scènes? Vous l'aurez compris, mettre un coup de frein à l'ambiance lourde du film (et au passage, faire passer un message de paix et d'amour envers tout le monde, parce que même si on n'est pas de la même échelle sociale et tout et tout, on s'aime, et l'amour, c'est-y-pas beau?). D'autres scènes dites "drôles" viennent s'ajouter au compteur : après l'amour, par exemple, ça parle vulgaire. Ca décomplexe, ça libère, tout ça, tout ça, et dans un milieu bobo parisien, c'est franchement cool d'être décomplexé, libéré, tout ça, tout ça. Le personnage campé par Vincent Cassel est odieux de bout en bout. Aucune empathie possible ici. Il n'est ni charmant, ni sexy, ni même intéressant. Profondément vide, il cabotine à gogo, fait le malin, se masturbe la bouche, la langue et les amygdales. Tchatche, tchatche. Quand à sa femme, c'est une coquille tout aussi vide, la bêtise en plus. Difficile de croire à ce personnage (une avocate, rappelons-le), qui se laisse embobiner par son mari de bout en bout, sans jamais remettre quoi que ce soit en question. On ne la voit d'ailleurs jamais pratiquer son métier, c'est assez troublant. Mais y a un truc qu'elle sait faire : s'exprimer! Elle crie, elle se tape de sacrées crises, elle fait la gueule, elle boude, elle fait tout plein de trucs... C'est le portrait de deux clichés ambulants : la femme forte de métier mais si molle de cœur tombe amoureuse de l'homme chic et choc au regard de braise. Elle, c'est une femme alors elle crie. Lui, c'est un homme alors il fuit. C'est beau, c'est vrai. Et le truc de fou, c'est que même séparés, ils font l'amour. Parce que c'est cool. Mais à l'écran, ça l'est beaucoup moins : le film ronronne, les scènes se répètent, se ressemblent. Le film n'avance pas. On attend quelque chose. Rien ne se passe. Le film est à l'image de sa chanson : easy. Ajoutons au passage que les seconds rôles n'ajoutent strictement rien à l'intrigue : Louis Garrel, en roue libre totale, joue au frère attentif et qui-avait-raison-depuis-le-début-mais-sa-soeur-ne-l'a-pas-écouté, Ingrid Le Besco fait figure de plante verte... BREF. Je pourrais continuer longtemps comme ça, mais je vais m'arrêter : ça aurait pu être un très beau film, ça ne l'est pas, c'est dommage. Mieux vaut se mater LAURENCE ANYWAYS : plus prenant, plus juste, bien moins radoteur et bien plus phénoménal dans le genre couple qui se déchire.