On a beau être sorti de la salle, 48 heures plus tard, le film est encore là, présent, très présent. Maïwenn fait un cinéma sans barrière, elle jette à la figure de ses spectateurs l'âpreté des relations entre ses personnagles : des crises, des larmes, des explosions d’amour et d’humeur, rien n’est épargné au spectateur.
De la scène de Toni aux toilettes qui fait un test de grossesse à celle où elle fait l’amour et provoque la perte de ses eaux en passant par deux tentatives de suicide, Maïwenn nous fait tout vivre.
Aucune scène ne paraît pourtant impudique tant chacune participe à la description du tour infernal que prend l’amour passionnel entre les personnages de Vincent Cassel et d’Emmanuelle Bercot. Venons-en à Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot : soit ce sont de fabuleux acteurs, maestro de l’improvisation qui habitent leurs personnages, soit ils sont magistralement dirigés. Pour le spectateur, qu’importe, le résultat est là : Vincent Cassel excelle en drôlerie, en charme, en manipulation, en mensonges, il fait des ravages chez ceux qu’il côtoie, il envoute, il endort pour mieux trahir et lâcher plus tard, quand il a obtenu de chacun et de chacune ce qu'il peut prendre, pour lui, pour son seul plaisir. Cet homme se sert des gens comme de kleenex. Il prend, il se sert, il jette. Emmanuelle Bercot joue la conquérante puis la victime consentante jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle ne pourra jamais être heureuse avec cet homme dont elle est éperdument amoureuse mais avec lequel elle n’a, au final, rien en commun.
Elle ne cessera de l'aimer, pendant dix ans, jusqu'à la dernière scène, mais en prenant bien garde de rester loin de celui auprès duquel elle ne peut que souffrir. Louis Garrel, en petit frère protecteur, joue lui aussi une partition très sincère : il comprend vite la teneur du personnage qu'aime sa soeur et ne cessera de la mettre en garde et de la sauver de lui.
Nul doute que le thème est vu et revu, mais Maïwenn parvient à faire de Mon Roi un film très personnel et très marquant. Dommage qu’elle ait pris le prétexte d’un accident de « je-nous » pour amener le personnage d’Emmanuelle Bercot, Toni, à se remémorer ses dix années avec Giorgio. Le procédé, usé jusqu’à la corde, rallonge le film en ajoutant des personnages et une histoire parallèles qui n’ont pas grand intérêt.