Maïwenn a, depuis ses débuts derrière la caméra en 2006 avec Pardonnez-moi, fait son trou dans le circuit du cinéma français. Si elle est à ce jour, l’une des artistes les plus en vogue de l’hexagone (depuis le succès du Bal des actrices, chacun de ses films est attendu par un large panel), l’actrice/réalisatrice divise autant qu’elle ne plaît. Mon Roi, n’échappe pas à la règle, sa présentation au dernier Festival de Cannes a généré de nombreux ébats, parfois élogieux ou au contraire, calomnieux.
Réunissant à l’écran, Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel, Mon roi raconte la relation tumultueuse entre Tony (Bercot) et Georgio (Cassel). Georgio est un pervers narcissique et Tony une femme fragile et instable. Partant de ce postulat de départ, tout laisse présager une kyrielle de crises de nerfs ! Et comme on est chez Maïwenn, le résultat n’est pas décevant. Rentré dans le vif du sujet, il ne se passe pas une minute sans que ça crie, se dispute, se sépare, se réconcilie,… La réalisatrice de Polisse ne nous épargne rien. Sans pour autant que ça en devienne ampoulé et pompeux, le film manque cruellement d’enjeux, il n’y a un peu prêt rien d’intéressant dans l’évolution des personnages. Que ce soit Tony qui reste victime de sa dévotion durant une grosse partie du film avant de se ressaisir ou Georgio qui n’est rien d’autre qu’une ordure qui ne cesse de manipuler et séduire ; l’écriture caricaturale de ces deux archétypes d’un cinéma français populaire et bourgeois empiète sur cette pseudo-réflexion de relations humaines et de mœurs sans grande perspicacité. Et si Vincent Cassel arrive à insuffler une certaine ambiguïté à cet ogre vert aux apparences de chevalier blanc, sa partenaire, Emmanuelle Bercot, semble avoir un peu plus de mal à donner corps à son personnage, cabotinant l’hystérie dans des scènes qui semblent aussi éprouvantes pour elle que pour nous spectateur.
Pourtant, Maïwenn, filme ses acteurs comme on tombe amoureux, aucune pudicité, les corps s’entremêlent et ne font plus qu’un. La réalisatrice continue à utiliser la caméra à l’épaule (devenu marque de fabrique de son cinéma), mais semble plus apaisée, soignant une mise en scène qui était par moment exubérante. Ses cadres respirent la légèreté et la sensibilité à fleur de peaux, on ressent cette envie que Maïwenn a, de vouloir partager, de brasser ses expériences de vie (tous ses films ont une part autobiographique) non sans un brin d’égotisme.
Maïwenn semblerait avoir atteint une certaine maturité au niveau de la forme pour son quatrième film (enfin diront certains). Maintenant reste le principale point faible de cette jeune artiste cabocharde, qui à force de puiser son inspiration dans ses acteurs et dans sa vie personnel risque de se répéter péniblement, si ce n’est déjà le cas.