Dans le monde du cinéma, les auteurs bénéficient toujours d’un capital de sympathie lié à leurs succès précédents. Maïwenn avait surpris avec son excellent Polisse, juste, fort, troublant. Et « Mon roi » bénéficie de ce capital avec beaucoup de critiques positives, mais gênées au nom de l’authenticité, du parler cru…
Osons le dire : Mon roi est un mauvais film. Un film où tout sonne faux. Le personnage de Vincent Cassel est faux dès la première seconde et on imagine pas une seconde que l’avocate incarnée par Emmanuelle Bercot puisse trouver le moindre intérêt à ce flambeur à bande de potes inconsistant et, encore moins, à imaginer construire une famille avec lui. Dès la première seconde elle devrait s'inquiéter de son caractère pour le moins trouble... C’est pourtant ce que s’acharne à nous faire croire Maïwenn à grand coups de caméra brouillonne.
Puisque l’on sait depuis le début que cela ne va pas marcher, on s’ennuie ferme devant les aller-retours d’une situation maintes fois vue. « Oui, pardonne-moi, je suis un salaud mais je t’aime et je veux un enfant de toi et être un bon père. » « Oui, je souffre avec toi, tu es quand même trop con, et je pleure, je veux te quitter, mais je ne le peux pas. » Ceci dure dix ans apparemment même si la chronologie n’est visiblement pas le souci de la réalisatrice. Vient se greffer à cette histoire de couple improbable une histoire secondaire, un reportage pour FR3 sur la rééducation du « je-nous » en centre de thalassothérapie avec des footballeurs sympas qui ont des Audi, ça c’est normal. Bon, pour nous rassurer Maïwenn conclut que malgré ce père déjanté et cette mère lacrymogène, le fiston aura de bonnes notes à l’école, comme quoi les familles sur-décomposées ne sont pas toujours une catastrophe scolaire.
Emmanuelle Bercot pleure bien, tout le temps, quand elle n’a pas le regard vide, il parait que c’est ça jouer la douleur, et cela permet de gagner un prix d’interprétation à Cannes (!) Cassel est odieux-mais-sympa, tellement cool et contemporain. Un film décousu, braillard, surjoué, sans trame ni intérêt. Comment trouver le moindre intérêt à ces personnages ? Ah oui, j’oubliais de mentionner que la décoration des appartements du flambeur est soignée… et que la rééducation des ligaments croisés c’est long et douloureux.