On a beaucoup dit que Mon Roi décrivait une relation amoureuse centrée autour d'un "pervers narcissique". Je m'attendais donc à voir un être abject qui s'emploie à rabaisser constamment sa partenaire, tout en la culpabilisant et en la déstabilisant en lui offrant occasionnellement des moments de bonheur. En fait, le personnage que Vincent Cassel interprète avec un cabotinage inouï est bien manipulateur, menteur, égoïste, coureur, surexcité, égocentrique, mythomane et égoïste... mais ce n'est pas tout à fait un pervers narcissique, car il est absolument dépourvu de la moindre subtilité dans sa relation avec le personnage d'Emmanuelle Bercot. Celle-ci incarne de son côté une espèce de caricature de parisienne-bobo, aisée mais tellement cooool. En fait, elle joue une hystérique infantile et insupportable dont on imagine mal qu'un homme vaguement équilibré puisse faire sa compagne, d'autant qu'elle commence à accuser son âge et n'est vraiment gâtée par le maquillage.
Bref: nous avons deux personnages antipathiques, interprétés par des comédiens outranciers. mais, qu'en est-il de l'histoire?
Ben, elle est encore pire...
Au tout début du film, Toni (le personnage de Bercot) se casse les ligaments croisés au cours d'un séjour de ski dans une station de sports d'hivers plutôt chicos. Elle rencontre alors une femme médecin (psychologue) qui, avec ses gros sabots, commence à lui expliquer que sa blessure traduit en fait son mal-être profond... J'ai dû me repasser la scène deux fois, tellement je la trouvais maladroite!!! Eh oui, Maïwen a osé! Remarquez, si, personnellement, rien ne vous choque à ce moment du film, continuez à le regarder, il est probable que vous connaîtrez le même enthousiasme que les fans de la réalisatrices. Sinon, arrêtez les frais. ce qui vient ensuite est encore plus intolérable.
Car le scénario va dès lors alterner mécaniquement deux types de scènes:
1) Toni traversant les différentes phases de sa rééducation et se prenant d'amitié pour de charmants garçons, dont la plupart sont issus de l'immigration. Oh, c'est tellement chou une bourgeoise parigot qui s'encanaille avec des jeunes gens du sud!
2) Des flashbacks sur ses dix ans de relations avec un homme instable, drogué, hédoniste, érotomane et idiot. Une certain Giorgio (mal) interprété par Cassel.
Le film dure deux heures. Et si les vingt premières minutes sont à peu près tolérables parce qu'on veut toujours espérer que les choses s'arrangent. Au bout d'un moment on commence à sentir un sentiment de répétition, digne dUn Jour Sans Fin. Toni aime Giorgio, Giorgio lui fait une vacherie, Toni pique une crise, Toni se rabiboche avec Giorgio. A la cinquième fois, ce type de situation, je m'avoue, m'a un peu plombé. Je n'en avais plus rien à fiche de voir un médiocre batailler avec une hystéro. J'avais juste une de ces envies de roupiller...
Allez, est-ce que l'aspect technique du film justifie le buzz (la hype?) qui a entouré sa sortie?
NOOOOOON!
Comme pour Polisse, on a une fois encore droit à du faux cinéma vérité avec une caméra mobile sans rime ni raison, des problèmes de raccords ratés, une absence totale de gradation de l'intrigue (quelle intrigue?).
Mon Roi est l'exemple même de ce que le cinéma français peut produire de pire. Une histoire d'amour sans amour impliquant des personnages laids et stupides, filmés à l'arrache par une réalisatrice qui se sent poussée par ce qu'elle croît être son génie.
Le jour où les distributeurs s'apercevront que ce type de produit ne séduit qu'une frange très marginale (et essentiellement germanopratine) du public - tout en désolant le reste des spectateurs potentiels - nous pourrons espérer un renouveau dans une industrie qui s'abîme dans une éternelle contemplation de son nombril grassouillet. Comme si le talent des maîtres des années 30-70 vivait encore.
Que Bercot, pitoyable de fausseté et d'à-peu-près dans certaines scènes, ait obtenu une palme d'or me sidère.
Comprenez-moi bien: elle est une excellente artiste et une comédienne de très grand talent, mais quand elle n'est pas dirigée, elle se perd. Regardez le moment où elle lit un texte en robe d'avocate et la scène où elle est censée être ivre.
J'ai, sincèrement, éprouvé de la gêne pour elle...
Il ne fait aucun doute qu'une industrie qui considère Mimie Mathie comme une grande artiste a - forcément - une place pour Maïwen la réalisatrice.
L'ennui, c'est qu'un jour, avec des films aussi bancals, le cinéma français n'aura - lui - plus de public.