Romance tragiquement lumineuse, drame confectionné dans l’anti-conte, thriller fantastique au rythme qui lui est propre, A Girl Walks Home Alone at Night est une pépite brute, un coup d’éclat brillant soufflant quelque-chose de neuf dans un cinéma horrifique dont il prend ses distances tout en s’y rattachant avec passion. Une fraîcheur atypique qui déroutera certainement les amateurs d’un cinéma traditionnel formaté mais qui saura gagner les cœurs des cinéphiles purs et durs désireux de tenter une expérience « autre ». Et rappelons que la chance sourit aux audacieux. A Girl Walks Home Alone at Night est une déclaration d’amour transgenre au cinéma, une invitation à pénétrer dans une autre dimension où le temps et l’espace ne comptent plus. Première œuvre magistrale et vénéneuse, au moins autant que son « héroïne » vampirique, une fabuleuse Sheila Vand à mi-chemin entre Asia Argento et Falconetti, A Girl Walks Home Alone at Night subjugue, terrifie, glace et réchauffe en même temps. Graphique et pourtant épuré, un seul mot la résume : magnétique. Un choc formel et sensoriel.
Premier jour du Festival de Deauville, 9H45. Après avoir acheté mon pass journalier à l'office de tourisme du coin, j'observe le programme et voit affiché "A Girl Walks Home Alone At Night" pour la séance de 11H00. N'y connaissant rien de cette oeuvre, j'écoute les discussions dans la file d'attente permettant d'accéder à la salle de 1497 places. J'apprends ainsi que c'est un film d'épouvante en noir et blanc d'une heure et demi, parlant de vampires mais aussi d'amour. La réalisation de Amirpour est magnifique, tout comme ses acteurs, certes qui sur-jouent parfois, mais par contre assez justes niveau interprétation. Là où ça déçoit, c'est du côté du scénario : passé la première scène d'horreur, ce dernier ne livre que de l'attendu, dévalorisant la mise en scène ancestral et l'actrice sublime. Pire : on tombe dans le contemplatif et dans le n'importe quoi (la scène de la discussion avec la prostituée aigrie, limite caricatural) et la mise en scène perd tout son sens mais surtout tout son charme, pour laisser place à une production minimaliste et plus très amusante, tellement qu'elle est longue. Mais ça passionne quand même. Intéressant à suivre.