Un film à voir ne serait-ce que pour découvrir l'excellente comédienne Naïs El Fassi, parce qu'on n'en peut plus de revoir chaque semaine les mêmes comédiennes "bankables" du moment. "Débutants" sort des règles vues et revues des scénarios classiques, imposant toujours le même type de dramaturgie (comme si le spectateur était incapable d'apprécier un film sans un rebondissement dramatique toutes les 5 minutes). Ce n'est pas un défaut, bien au contraire. Le film colle à ses personnages, sans jamais ennuyer, et si certaines maladresses paraissent (comme tel ou tel dialogue, évoqué dans certaines critiques du film), elles sont fidèles aux maladresses de cet âge. C'est un âge où tout est un peu brouillon, où la vue de l'avenir n'est pas très claire, où l'on peut sortir des phrases grandiloquentes plus grandes que soi, où les engagements sont exécutés parfois de façon contre-productive (l'histoire du sans-papier, ou le spectacle sur les génocides), où les doutes sont pesants - ainsi certains des personnages que l'on a envie de secouer dans le film.
Tout cela est présent dans le film, avec une vraie sincérité, joué par des comédiens qui vivent des choses semblables dans leur propre vie (eux-mêmes jeunes comédiens en fin d'études).
Certaines scènes qui paraissent "cliché" (ce qui arrive au personnage de Naïs dans la chambre) sont hélas vécues par des comédiennes de cet âge, ce traitement machiste et sexuel des femmes n'a pas entièrement disparu de la société...
On imagine d'avance le même sujet traité avec un scénario dit "efficace", et en prenant telle star féminine du moment, par exemple Leila Bekhti au lieu de Naïs El Fassi : le film aurait perdu tout intérêt, toute justesse et toute originalité, tout ce qui nous touche dans ce film. La magie du film, c'est d'avoir choisi l'inconnue - mais parfaite - Naïs El Fassi plutôt que Leila Bekhti, Géraldine Nakache, ou Marion Cotillard, même si cela complique financement, production et distribution. C'est de contenir ces "maladresses" d'écriture et de dialogues qui donnent au film cette atmosphère sincère des débuts. Le réalisateur connait parfaitement le milieu qu'il filme, ayant enseigné à Florent pendant des années. C'est autre chose qu'un réalisateur étranger au milieu filmé, se documentant pendant quelques semaines, puis transformant la réalité pour avoir un récit adapté au standard de la production et au public infantilisé... Merci au film et aux interprètes pour tout cela, d'avoir eu le courage de ne pas nous servir le même plat que celui que nous trouvons à satiété toutes les semaines dans dix films.