Superbe film ! Retour sur l'enfance, l'adolescence, le temps qui passe et la recherche de sens à sa vie. Et puis quel génie de filmer sur 12 ans les mêmes acteurs! A voir absolument!
Lion d’Argent au dernier festival de Berlin, ce film est un concept avant tout et un pari carrément fou. Richard Linklater décide en 2002 de réunir une semaine par an (tous les étés), les mêmes comédiens durant les 12 prochaines années dans le but de conter le passage à l’âge adulte d’un enfant de 6 ans. Le plus fou est que Ethan Hawke et Patricia Arquette ont décidé de suivre Mason, le jeune garçon de 6 ans, dans ce projet ahurissant. Comment mieux décrire le temps qui passe, qui nous transforme et qui fait de nous des mortels en le montrant dans sa réalité brute ? Linklater avec ce film sera assurément fait grand pape intimiste du temps qui passe dans le cinéma indé US. Il avait déjà entraîné Ethan Hawke dans un projet semblable ; montrer un couple durant 20 ans à travers une trilogie étalée sur le même espace temporel (les 3 Before). Pas d’artifice et de spectaculaire dans ce film, il se contente de filmer chaque année des tranches de vie de Mason. L’objectif est juste de nous montrer la construction d’un être humain à travers des choses simples. Télé réalité, alors ; loin de là, le film est écrit, scénarisé, joué ; mais tellement réaliste que l’on pourrait le croire. C’est une belle claque, aucune expérience ne permet de voir sur 2h45 la magie de la transformation des êtres. Un anti « Benjamin Button ». Linklater s’amuse aussi à nous perdre dans la vie de Mason ; jamais il ne souffle ses bougies d’anniversaire, jamais un panneau pour nous donner son âge ; qu’il est 10 ans ou 12 ans, peu importe, le récit est linéaire… et le temps devient le personnage principal du film à travers une vie ordinaire d’américains middle class. A mi parcours, on le voie juste quitter l’enfance pour l’adolescence à travers deux plans ; son visage s’est affiné, sa voie a mué ; troublantes toutes ces ellipses. Un vrai film universel sur notre fonction sur terre et notre vie de mortel : la scène finale avec Patricia Arquette en devient hyper émouvante avec sa peur panique de la solitude, de l’abandon et d’une mort sociale préfigurant sa mort physique (« dans 40 ans »…). Une finesse que caractérise bien le film : pas de grandes scènes et ni une couche sur dimensionnée sur l’adolescence. Le concept devient alors un beau matériau pour conter un vrai récit. Arquette a sa scène forte ; Hawke, le père à ¼ temps en a plusieurs, dont celle où il fait un brief franc du collier mais plein d’affection à ses deux enfants après les avoir récupérés pour son week end avec sa Ford Mustang. Voilà aussi encore un film qui affiche une relation père-fils bouleversante. Un film unique universel à voir absolument même s’il souffre de quelques longueurs dans son final. « Boyhood » signifie enfance ; lorsque Mason en sort à la fin du film et se rend compte de la réalité d’une vie adulte, il a une parole désabusée empreint de réalisme cru qu’une prochaine rencontre se chargera de lui faire oublier. Ceci nous renvoie à la vérité universelle exprimée par Jorge Luis Borges : « Le temps est un fleuve qui m’emporte, mais en réalité c’est moi qui suis le fleuve »
Je dirai sans hésiter que c'est le meilleur film que j'ai jamais vu ! Non pas parce qu'il dure 12 ans, non pas pour des effets spéciaux, non pas pour une histoire extraordinaire mais simplement parce que c'est l'histoire d'une vie, comme chacun pourrait la vivre. C'est un film qui fait ressentir beaucoup d'émotions et qui captive par la simplicité de sa beauté et de son déroulement naturel, il n'est ni trop rapide ni trop lent, on a le temps de voir les étapes de la vie ni romancées ni exagérées. Les acteurs sont criants de vérité comme une vraie famille dont on partagerait la vie le temps d'un long-métrage concentré sur le plan zoomé de ce jeune homme qui nous émeut et avec qui on aurait presque envie de parler. Mais je crois que je ne pourrai pas exprimer ce que j'ai réellement ressenti en assistant, impuissante aux scènes des plus tristes aux plus mignonnes de ce film, parce que le réel pouvoir de ce film dans son ensemble, est de nous faire ressentir des choses comme jamais cela ne nous étais arrivé devant un film. Il s'agit probablement du pari le plus fou et le plus génial du cinéma, ceux qui le regarderont un jour doivent se poser devant, et apprécier dans tous ses critères ce chef d'oeuvre simple et si beau.
Mention spéciale pour tous les acteurs, et bien évidemment le réalisateur (à voir aussi: la trilogie Before Sunrise/ Before Sunset/ Before Midnight !
Dommage.. J'attendais ce film avec impatience depuis que j'avais entendu parler du principe.. Le fait de filmer les mêmes acteurs pendant 12 ans, quelques jours par an, pour en faire un film, est une super idée, un concept très original. Seulement, il ne se passe pas grand chose dans ce film. La maman divorce plusieurs fois, ils déménagent, ils changent d'amis, le papa est toujours présent... 2h45 de film, j'ai trouvé ça long... Donc rien d'exceptionnel sauf le fait que les enfants grandissent à chaque séance.. et ça c'est quand même bien trouvé.
Ce n'est pas tant le scénario qui subjugue que le projet du film en soi. De voir ces acteurs grandir, vieillir, grossir / maigrir "pour de vrai" sous nos yeux crée une émotion nouvelle, impossible à égaler lorsque le scénario fait appel à des acteurs différents selon l'âge du personnage qu'ils incarnent. On est curieux de deviner, puis de voir, tout au long du film quel jeune homme l'enfant Ellar Coltrane va devenir. 12 ans de vie contés en 2h30, ce film nous renvoie au final à notre propre vie qui défile à toute allure et à nos enfants qui poussent sans qu'on s'en aperçoive vraiment... Une grande émotion pour tout parent.
Je ne vais pas dire que ce film m'a enthousiasmé. Je ne vais pas dire non plus que si j'en avais l'occasion j'irais le voir une seconde fois. Toutefois je dirai que pour ma part j'ai trouvé que c'était un bon film, que l'on peut recommander mais qui est un peu long. C'est un très bon travail et l'idée de réaliser un tel film sur la durée mérite le respect. C'est peut-être avant tout un très bon documentaire qui apprend beaucoup sur l'Amérique, les gens qui y vivent leur vie ordinaire, le divorce, l'alcoolisme, tout ce qui fait que la vie est ce qu'elle est avec ses difficultés et le fait que les choses ne sont pas toujours le long fleuve tranquille qu'on aurait voulu. Si vous n'avez rien de plus excitant à aller voir, allez voir Boyhood, vous ne serez peut-être pas enthousiasmé, mais comme film de rentrée, c'est déjà un bon début.
"Ce n'est pas nous qui saisissons l'instant présent, c'est lui qui nous saisit". Réplique de fin on ne peut mieux trouvée pour Boyhood, qui prend le parti assez particulier de filmer un petit garçon pendant douze ans. Quelques semaines dans l'année. On s'attache vite à ces personnages, et malgré la longueur du film (qui ne se ressent qu'un tout petit peu au début, car on se demande comment le réalisateur va articuler ses 12 ans de filmage), quand il finit, ceux-ci nous manquent. les transitions ne sont toutefois pas claires. Des fois marquées par des chansons (tubes de l'année en question) et par les coupes de cheveux des personnages, on se pose parfois la question pendant quelques minutes de savoir si l'on a changé d'année ou non. Enfin, il est vraiment intéressant que les mêmes acteurs aient accepté de tourner durant 12 ans, même si c'est sur de petites périodes, pour Linklater.
Déjà l’idée de filmer les mêmes acteurs sur une douzaine d’année est très bonne. On les voit grandir, grossir, mincir, changer de coupe de cheveux, de couleur de cheveux, de style de vêtements au gré des modes et du temps réel. C’est assez surprenant. Ensuite, la durée du film peut effrayer, à tort, parce que le film est très rythmé, l’ensemble très vivant, naturel parfois drôle. On se prend au jeu de la vie de cette famille éclatée, de ces enfants que l’amour réfléchi des deux parents aide à grandir, malgré le tumulte du quotidien.
Un beau film sur la vie qui passe. Ou plutôt sur la vie qui se vit. Malgré les 2h45, on perd la notion du temps et on traverse les années avec cette famille qui rit, qui pleure, qui regarde le monde. Bravo au réalisateur.
C'est un défi un peu fou qu'a lancé Richard Linklater en tournant son film "Boyhood" sur une durée de douze ans. Trouver des acteurs dont un gamin de six ans et une petite fille guère plus âgée (en l'occurrence la fille du réalisateur) et les mettre en scène en actualisant le scénario tous les deux ans, voilà qui comporte d'énormes risques. La vie, on le sait, est une somme d'événements qui a de quoi surprendre, émerveiller, mais parfois aussi attrister. Le dessein de Linklater supposait donc que les acteurs et les actrices fussent toujours consentants et bien sûr toujours valides. On sait que Lorelei, qui incarne le personnage de Samantha, menaça d'abandonner et il fallut toute la force de persuasion de son père pour que le projet pût se poursuivre dans les meilleures conditions. Et puis c'est aussi jouer avec le temps, un temps qui, s'il conduit les enfants à devenir des pré-ados puis des ados à la sensualité de plus en plus épanouie, n'en marque pas moins le physique des adultes de son empreinte plus ou moins avilissante. Patricia Arquette et Ethan Hawke qui jouent le rôle des parents biologiques des deux enfants continuent malgré les années à offrir un physique avantageux, mais les traces du passage inexorable sont bien là : les rides sont apparues et les chairs ont donné quelques signes de lassitude. C'est donc du jamais vu que l'on découvre dans ce film et c'est en cela qu'il est proprement fascinant. Cela dit, en douze ans bien des choses peuvent se produire au sein d'une famille et le film nous donne à voir les blessures qui sont désormais le lot de bien des couples : familles désunies, puis recomposées, familles-mosaïques, déchirures puis retrouvailles après bien des années. En cela, Richard Linklater nous offre une leçon de sociologie contemporaine, si élémentaire puisse-t-elle paraître. Quant aux enfants, c'est un lot de découvertes qui se présente très naturellement à eux : au joli minois du gamin étendu sur la pelouse que l'on découvre au début du film succède une série de métamorphoses physiques et morales qui le conduisent à devenir le séduisant jeune homme pourtant toujours hanté par des doutes et des interrogations sur son devenir. Car c'est lui, Mason, qui occupe la place de choix dans ce récit fortement teinté d'autobiographie. C'est lui que nous accompagnons dans les dernières séquences, dans son parcours à la fois géographique, intellectuel et amoureux. Et c'est encore lui qui nous plonge au cœur d'un rêve qui débutait avec la première image du film (qui est aussi celle de l'affiche) et qui se poursuit et ne cesse de s'approfondir, rendant le personnage incarné par l'admirable Ellar Coltrane infiniment attachant. On pourra certes reprocher au film sa longueur (2h43), mais le projet de Richard Linklater ne pouvait que se développer sur une longue durée qui ne fait que traduire - et encore, bien imparfaitement - l'incroyable aventure vécue par une équipe dont l'homogénéité est un des atouts indéniables.