"Je suis comme Koba, il ne pouvait pas échapper à sa haine. Et je reste l'otage de la mienne". Par cette phrase, César résume plutôt bien le principal arc narratif du film.
Suite et fin du reboot de la célèbre franchise simienne, ce troisième volet présente l'ultime affrontement entre la communauté aux ordres du charismatique César et les derniers survivants humains épargnés par la maladie. Et pour conclure la trilogie, on ne change (presque) pas une équipe qui gagne, avec Matt Reeves qui reste à la réalisation, trois ans après le dernier film. Deux après les événements de ce dernier, César et les autres singes vivent isolés dans la forêt et aspirent à la paix. Toutefois, le colonel McCullough n'est pas de cette avis et poursuit la guerre débutée plusieurs années plus tôt pour rayer les singes de la surface de la planète. Mais à la différence des deux derniers films, bien que profitant toujours d'un leadership incontesté, c'est un César fatigué et tourmenté que l'on retrouve. Confronté à ses démons intérieurs et à des pertes tragiques, le chef de file de la révolte des singes fait toutefois preuve d'un héroïsme sans égal pour sauver ses congénères et leur permettre d'accéder à la "terre promise".
Plantée dans une nature sauvage aux confins des terres froides du Canada, l'action du film peut laisser un peu perplexe lorsqu'on pense à celle de son prédécesseur et à son dénouement. Bien que je ne me sois pas réellement retrouvé face à ce que j'avais prévu, j'apprécie l'effort porté sur la personnalité de César, sur la multitude de personnages secondaires et sur les valeurs d'entraide et de solidarité promues. Il est également à noter, contrairement au précédent film, un aspect comique appréciable, porté par le facétieux bonobo "Méchant Singe", qui n'a de méchant que le nom. A ce titre, notons l'excellente prestation de son interprète, Steve Zahn, que l'on a notamment pu voir quatre ans plus tôt dans Dallas Buyers Club.
Toujours au niveau du casting, l'interprétation de l'antipathique Woody Harrelson dans la peau du sanguinaire colonel McCullough est également satisfaisante. On ne peut s'empêcher de penser au terrible colonel Kurtz d'Apocalypse Now, avec lequel il présente de nombreux points communs. D'ailleurs, le réalisateur a lui-même avoué s'être beaucoup inspiré du film pour construire ce personnage sur les cendres de Marlon Brando. Enfin, mais cela devient une évidence dans l'univers moderne de la Planète des Singes, Andy Serkis prouve une fois de plus ses talents émotionnels dans la peau de César.
Enfin, même si cette ultime aventure est à regarder, je ne peux passer à côté de la critique de certains aspects du scénario qui, à défaut de me faire sourire, ont tendance à m'agacer un peu et à écarter une certaine forme de logique. Ce n'est pas une analyse propre à ce film, nombreuses sont les absurdités dans les films qui penchent vers la catégorie "action". Mais enfin, ici, il faut tout de même reconnaître que placer un énorme réservoir de liquide explosif à proximité du mur d'enceinte, alors qu'on sait que la base va bientôt se faire attaquer, n'est peut-être pas la meilleure idée qu'on ait vue. Alors, certes, je comprends l'intérêt scénaristique car l'explosion qui s'ensuit permet la libération de César et la victoire des singes, mais tout de même.
En conclusion, un dénouement heureux et mérité pour les singes mais un regret dans le traitement de l'affrontement, avec la frustration de ne pas avoir vu une véritable bataille finale entre singes et humains plutôt qu'un règlement de comptes entre deux camps humains, avec des singes coincés entre les deux lignes de tirs et presque réduits à des témoins de la barbarie des hommes.