Maguie Audier, la chevrière prête à partir à la retraite du film, n'est autre que la véritable mère de la réalisatrice Sophie Audier. Cette ancienne scripte tout droit sortie de la Fémis réalise ici son premier long-métrage après un passage au court avec Dis-moi, mon charbonnier (1998), déjà un documentaire.
Son troupeau, Maguie Audier le connaît par coeur. Pas besoin de piercings étiquetés aux oreilles pour reconnaître ses petites protégées. Blanche Neige, Cachou, Caféine, Danette, Clochette, Nuage sont quelques-unes des chèvres de la chevrière-fromagère, peut-être de celles qu'elle essaya de sauver de la vente du troupeau.
Sophie Audier avait déjà reçu pour son premier court-métrage, Dis-moi, mon charbonnier, le prix Nanook au Bilan du film ethnographique de Paris. Les Chèvres de ma mère ont quant à elles été sélectionnées à la 31ème édition du festival du film d'environnement (2014).
Maguie Audier et son compagnon ont quitté la ville après les événements de mai 68 pour s'installer dans le hameau de Saint-Maymes (commune de Trégance, Var), dans les gorges du Verdon. Ce plateau isolé et cette retraite quasi monacale permirent à la fromagère de faire perdurer une tradition d'élevage sur le point de disparaître. Cela faisait ainsi une quarantaine d'années que Mme Audier élevait ses bêtes en pleine nature, les sortant par tous les temps, s'occupant de traire à la main ses chèvres et de tuer avec douceur ses chevreaux qu'elle devait vendre.
Devenir éleveur de chèvres dans un coin perdu du Verdon n'est pas donné au premier venu. Le film revient sur les difficultés de passation entre Maguie Audier et Anne-Sophie Vurchio, qui doit lui succéder à la tête du troupeau. Ainsi, les experts de la Chambre d'agriculture estiment qu'avec trente chèvres, la jeune femme pourra gagner 29 410 euros par an, alors même que Maguie atteignait tout juste ses 11 000 euros de revenus annuels avec vingt chèvres. Le monde agricole se complique et la transmission ne se fait pas du jour au lendemain. Elle ne laisse par ailleurs plus aucune place à la liberté et à l'improvisation de l'éleveur, le moindre détail étant réglementé.
Le site Reporterre.net précise que "six mois après le tournage, Anne-Sophie la jeune chevrière occupe de vieux locaux. Le provisoire dure. Elle a les chèvres mais attend toujours un prêt et un permis de construire". Le film donne à voir la difficile succession mais l'histoire de Maguie et Anne-Sophie ne s'y arrête pas : rien n'est réglé à la sortie de la salle de cinéma.