Peu de temps après le tournage de L'Amour et rien d'autre (2011), le réalisateur Jan Schomburg est tombé par hasard sur une émission de radio où une femme racontait son amnésie. Il explique : "Elle a lu son journal intime et cela ne lui a rien évoqué. Elle avait l'impression que ces mots avaient été rédigés par une autre personne. (...) Ce qui m'a frappé, c'est qu'elle savait tout du monde qui l'entourait à l'exception des éléments liés à sa propre histoire". C'est de cette situation qu'est né le film : "Lena maîtrise tout ce qui est extérieur à son propre vécu. Mais tout le reste s'est évanoui."
Entre sa première et sa seconde réalisation, Jan Schomburg a beaucoup voyagé et écrit. Trouver l'argent pour financer un film nécessite du temps et de l'investissement. C'est pour cette raison que ses deux longs métrages sont si espacés dans le temps.
Jan Schomburg a déclaré vouloir faire de l'histoire de Lena le récit d'une renaissance, de la reconstruction d'une identité : "Voilà ma thématique, l’ambivalence qu’il y a entre être vraiment quelqu’un et jouer à être quelqu’un d’autre". Il s'est notamment amusé à interroger la question du genre, comme dans la scène où Lena porte une fausse moustache.
En plus de faire du cinéma, Maria Schrader, lauréate de l'Ours d'Argent au festival de Berlin pour sa prestation dans Aimée & Jaguar de Max Färberböck, fait aussi du théâtre et du doublage. En effet, elle a prêté sa voix à la princesse Kidagakash de l'Atlantique dans Atlantide, l'empire perdu.
Le metteur en scène explique qu'il avait demandé à Maria Schrader d'aborder son rôle comme un personnage de cinéma muet, aux réactions exagérées et parfois bouffonnes. La question qu'il pose est celle de l'origine de l'émotion : "Est-elle innée ou acquise ? Je trouvais intéressant que l'on devine sur son faciès si l'émotion était vécue ou simulée".
Jan Schomburg a multiplié les gros plans sur les personnages et plus particulièrement sur leurs visages. Il commente : "Je voulais à tout prix avoir des gros plans très sensitifs. Être près des visages et des corps. Surtout pour Lena. Il fallait que je m’attarde sur des petits détails pour redonner de la perspective à ses sensations, à ses émotions, à son regard."
Le film a été sélectionné et présenté lors du Festival International du Film de Rotterdam.
Jan Schomburg a déclaré s'être inspiré de cinéastes comme Agnès Jaoui, Bruno Dumont ou Laurent Cantet. "Les Français parviennent à raconter des histoires profondes avec beaucoup de légèreté. J'espère que Lena est une sorte de film français à l'allemande. Ou l'inverse." explique-t-il.
La chanson du générique du début est la même que celle utilisée pour accompagner le rêve à l'acide de Dude dans The Big Lebowksi des frères Coen : Une reprise de "Just dropped in" de Kenny Rogers. "J'ai choisi cette chanson car les paroles collaient tout à fait à la situation de Lena, qui passe un scanner à ce moment-là. Et le rythme cool permet de partir sur un ton joyeux, de montrer qu'on est pas dans une histoire dépressive, plombante. Etre associé à The Big Lebowski, c'est donc plutôt marrant", s'amuse le réalisateur.