"La ruée vers l’or" est un incontournable de la filmographie de Charles Chaplin, mais n’est pas pour autant son meilleur film, tout du moins dans sa version 1942, qui transforme le film muet en film sonore, par le biais d’une narration en voix off comme si nous lisions un livre parsemé de dialogues. Malgré le succès rencontré par la nouvelle mouture du film, je trouve que cette narration gâche un peu la version originelle car j’estime qu’elle encadre l’imagination du spectateur. Cela a pour effet, à mon sens, d’enlever un peu de charme et de magie à ce long métrage. Pour couronner le tout, la nouvelle version a été raccourcie, et j’ai eu l’impression que Chaplin regardait un peu trop la caméra. Il n’en reste pas moins de très bons moments, comme la scène où le prospecteur cuisine et mange une chaussure, celle de la maison qui penche dangereusement, ou encore la scène culte de la danse des petits pains, séquence au cours de laquelle il réussit la prouesse à leur donner vie. Charles Chaplin nous montre encore sa grande capacité à créer, dans la plus grande précision, sans que ce soit redondant ni lourd. Il émane une nouvelle fois de la fraîcheur, non pas à cause de la neige, mais dans l’histoire tant elle fait appel aux bons sentiments et à l’essentiel. Aussi, si vous avez l’occasion de voir "La ruée vers l’or" dans sa version 1925, jetez-vous dessus, vous ne serez pas déçus. Ainsi vous succomberez à l’expression scénique très causante, aux tableaux fixes qui portent les dialogues et/ou qui précisent le contexte, et à la musique qui constitue comme toujours un autre personnage principal, autrement dit tout ce qui a fait le succès de Charles Chaplin. Vous avez donc le droit d’être un peu déçus du millésime 1942, surtout si vous êtes comme moi un puriste des films chaplinesques. Un 3/5 pour ce remaniement 1942, et un 5/5 pour l’original de 1925. Donc si je fais la moyenne des 2, voilà ce qui explique ma note donnée.