Derniers Avis : Lolita - Page 18

De nombreuses années que je ne l'avais pas vu : quel bonheur de le redécouvrir au cinéma... « Lolita », c'est juste un film incroyable. Ahurissant. Unique. Franchement, dès la première scène, j'étais scié. Un régal absolu de mise en scène et de dialogues, le tout sous le regard acéré d'un Stanley Kubrick dont on saisit tout de suite l'incroyable personnalité. C'est puissant, incisif, implacable, et la suite ne sera pas loin d'être du même acabit. J'ai rarement eu l'occasion de voir une œuvre enchaîner avant tant d'aisance les situations marquantes, malaisantes, au point d'être subjugué par tant d'audace et de provocation, le tout en gardant un air presque toujours distancié, ironique sur des personnages épouvantables pour des raisons divers. Tout y tellement dérisoire, grotesque, l'incroyable élégance dont fait constamment preuve Kubrick tranchant merveilleusement avec ce qu'il raconte, enchaînant les moments d'anthologie, provoquant chez nous des sensations incroyablement fortes vis-à-vis de ces protagonistes, de l'atroce Madame Haze (incroyable Shelley Winters) à cette « femme-enfant » superficielle au possible, provoquant tant de convoitises sans les mériter un seul instant. Mais le rôle le plus hallucinant, volant la vedette à un James Mason impeccable, c'est celui de Peter Sellers. Une prestation grandiose, hors-norme, XXL : les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette performance inouïe, peut-être sa plus mémorable. Si j'ai un (très) court bémol à mettre, c'est notre intérêt diminuant légèrement lorsque Humbert et Lolita sont « ensemble », et encore. Une œuvre terrible sur les pulsions humaines et l'inexorable tragédie vers laquelle elles peuvent nous amener parfois. Je m'en voudrais presque d'avoir si peu écrit : il y a tant de choses à dire sur ce titre majeur, au parfum de scandale pourtant plus vraiment d'actualité aujourd'hui : tant mieux, cela ne peut que mieux mettre en lumière les autres éblouissantes qualités de ce grand film dérangeant, drôle et presque touchant dans sa « gracieuse perversion » : inoubliable.

Encore un coup de maître du génialissime Stanley Kubrick, l'un des rares cinéastes à avoir réussi tous les films qu'il a entrepris. "Lolita" ne déroge aucunement à la règle. On apprécie tout particulièrement l'intelligence du réalisateur de suggérer la relation père-fille et de la sublimer plutôt que de la montrer de manière explicite (l'époque de sortie du film y est aussi pour quelque chose...) contrairement à Adrian Lyne, réalisateur du faible remake de 1997. Alors, si vous avez le choix, voyez l'original de Kubrick - d'une grande finesse et intelligence - plutôt que la copie - limite graveleuse et dénuée d'intérêt majeur...

Il ne faut pas s'y méprendre, Lolita fut un véritable scandale à l'époque de sa sortie. Aujourd'hui, l'évolution des mœurs étant, le film a beaucoup perdu de sa percussion... On en vient même à le trouver trop prudent. Néanmoins, à mes yeux, ce violent coup de vieux n'a pas gâté le talent des interprètes (notamment celui de Peter Sellers) et la justesse de la réalisation. C’est donc sans ennui et encore avec un certain plaisir que je me suis plongé dans ce « Lolita » et pourrait y retourner aujourd’hui sans trop sourciller.

Six ans avant le fantastique "2001, l'Odyssée de l'espace", Kubrick nous proposait ce film qui, je trouve, oscille de bout en bout entre l'inintéressant, le mauvais goût et le 'ah-bah-ca-valait-le-coup-d'oeil-quand-même'... Alors, Stan, qu'est-ce qui t'a pris?