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Boris&Flo
19 abonnés
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5,0
Publiée le 1 mai 2023
Nous sommes sortis mon épouse et moi absolument enchantés ! un enfant doué pour la poésie avec sa sensibilité si particulière face à une institutrice qui veut le protéger des méfaits de notre société occidentale capitaliste de loisirs et d’apprentissage de non intelligence. On peut y voir aussi une critique de cette région.. Bravo au réalisateur.
La très grande originalité de L’Institutrice est de rapporter la réalité depuis un regard d’enfant : la caméra se place ainsi au plus près du sol et coupe tout ce qui ne relève pas d’une physionomie de petite taille ; ce faisant, les motivations adultes restent souvent opaques, insondables. Une scène magnifique voit deux garçons jouer dans le toboggan de leur école, scène qui donne l’impression d’avoir été filmée par un camarade de classe tant son mouvement-même épouse la perception (potentielle) d’un élève de cinq ans. Nadav Lapid refuse de regarder le génie brut de Yoav depuis une hauteur globalisante et s’il l’inscrit dans une structure fermée qu’est le cadre, il veille néanmoins à laisser libre cours à ses mouvements, à ses allers-retours dont il tire sa poésie. C’est dire que l’entièreté du long-métrage se construit sur la dialectique du geste artistique et de sa rétention politique, base de la relation entre l’enfant et sa professeure devenue entre-temps son mentor. Moqués lors d’un concours de déclamation, les poèmes représentent la sensibilité accrue d’un être innocent dont la conscience lucide des enjeux et souffrances du monde actuel fait froid dans le dos. Car le petit Yoav est à la fois un jeune de cinq ans et un adulte en puissance, il n’évolue pas dans l’imaginaire enfantin communément partagé par les garçons de son âge. Derrière sa sensibilité se cache alors un réquisitoire féroce contre un pays qui ne se contente pas de tuer l’art dans l’œuf, mais refuse le droit à l’enfance, à la naïveté première, à la rêverie. L’esthétique adoptée par le film est une esthétique du choc où se cristallisent sans cesse des tensions ; l’enchaînement des scènes suit un vaste crescendo dramatique au terme duquel s’installe une incertitude pesante et malsaine. Lapid conduit L’Institutrice dans des zones d’ombre qu’il ne relève par aucune trouée lumineuse un tant soit peu rassurante. En somme, il met en scène le rapt d’un Messie en puissance par une femme qui ignore en partie les raisons de ses actes, qui agit par désespoir de perdre sa mainmise sur la source vive de sensibilité qu’elle envie, qu’elle aimerait faire sienne. Une source qui la nourrit et lui donne une raison de vivre. Une œuvre forte et troublante.
film absolument magnifique et poignant sur l'irruption de la beauté et la poésie (par l'intermédiaire de la voix d'un enfant) et et la manière dont le fonctionnement de la société n'aura de cesse de réduire celles-ci au néant, ou de les vulgariser. j'ai adoré.
Cet enfant c’est pour elle une illumination ou même une révélation. Le film est même assez réussi dans cette façon de présenter froide et irréelle. Dans quel monde vit-elle? La beauté et l’art semblent s’imposer à elle au détriment de l’amour. Une fin assez glaçante pour un film assez fascinant.
Malgré le concert de louanges déversé par la presse, j’ai trouvé ce nouveau film de Nadav Lapid – dont j’avais beaucoup aimé Le Policier – très décevant. L’auteur a beau dire que ceci raconte son histoire, il n’arrive jamais à rendre le tout crédible. Il a notamment choisi un gamin inexpressif au possible qui ne semble rien comprendre de ce qu’il raconte. Les poèmes en question ne sont aucunement ravissants, et surtout le personnage de l’institutrice correspond peut-être à ce que l’on attend d’elle en Israël, mais son comportement est juste odieux. Il y a visiblement un fossé éducatif entre nos deux pays et il n’est guère étonnant de faire une politique aussi violente quand on apprend des chants aussi patriotiques et nationalistes dès le plus jeune âge. L’ensemble est assez mal filmé, et surtout dépourvu du moindre rythme. Bref, un film idéologiquement douteux et peu recommandable.
Avec un sujet aussi risqué (grand poète à 5 ans, vraiment ?) et une thématique aussi chargée (rétablir le sens de la beauté dans un monde rongé par le matérialisme), il aurait fallu un cinéaste plus subtil pour délester ce projet de sa nature fortement démonstrative.
Un vrai chef-d'oeuvre qui pose la brûlante question de la poésie aujourd'hui, au sein d'un monde consumériste qui méconnaît les poètes. La mise en scène est éblouissante.
Seulement trois étoiles ; ce n'est pas que le film ne soit pas bon, mais il met mal à l'aise. Cela à cause de son personnage principal, Nira, qui a quelque chose de très malsain (en fait, aucun adulte n'est franchement sympathique dans ce film, à part la nounou). Nira prétend sauver ce petit poète qui a eu le malheur de naître dans un monde qui méprise la poésie, mais elle se sert de lui (et ose accuser la nounou de voler les poèmes de Yoav, ce qu'elle ne se gêne pas de faire pour se faire valoir au sein de son club, car elle n'a pas de réel talent malgré sa passion pour la poésie). Quant à ses méthodes pédagogiques, c'est à faire peur : elle ne bronche pas quand des enfants chantent une chanson aux paroles violentes et haineuses, elle tire le garçonnet de cinq ans de sa sieste pour lui parler poésie, alors qu'il n'y entrave visiblement que dalle... Les textes du petit Yoav sont en effet très conceptuels, et seul le mysticisme peut expliquer que ces mots sortent avec une telle aisance de la bouche d'un enfant aussi jeune : inspiration divine, réminiscences d'une vie passée, que sais-je, mais les matérialistes trouveront que cette histoire n'est pas réaliste (et pourtant, elle s'inspire bien de faits réels !). Un film qui fait plutôt froid dans le dos en somme. Reste que le petit garçon est touchant, gosse innocent malmené par des adultes égoïstes qui pourtant prétendent agir pour son bien : l'enfer est pavé de bonnes intentions.
D'un point de départ très intrigant (une institutrice découvre qu'un de ses élèves, âgé de cinq ans, est l'auteur de poèmes plus beaux les uns que les autres), Nadav Lapid a tiré un film puissamment incarné, qui cherche moins à illustrer la beauté de l'art qu'à en faire ressentir l'aspect viscéral et transcendant. Il est évident que le génie de l'enfant (qui ne sait pas encore écrire, donnée brillamment exploitée d'un point de vue scénaristique) ne saurait être expliqué et encore moins imité, ce que l'institutrice, médiocre poétesse, tente pourtant de faire. La grande intelligence de Lapid est de faire de son film lui-même un objet déstabilisant et exigeant, notamment par sa mise en scène sensorielle qui cherche à saisir ces choses de la vie quotidienne qui nous entourent et que seuls les poètes peuvent sublimer. Il est difficile de parler du film parce que celui-ci tend justement à capter le caractère indicible des émotions et sentiments humains, parce que l'enfant reste imprévisible jusqu'à la conclusion et parce que celle-ci nous laisse libres de décider du sens véritable de ce récit (histoire d'amour qui ne dit pas son nom ou plus ample fable sociale ?). Une oeuvre hors-norme, à ne manquer sous aucun prétexte !
Dans "L'Institutrice", Nadav Lapid pose et travaille une question absolument passionnante : d'où vient le génie ? Plus précisément, comment se fait-il qu'un jeune garçon de cinq ans crée des poèmes et utilise des mots dont il ne connaît pas la signification ? Une énigme qui hante Nira ( Sarit Larry magnifique), l'institutrice de l'enfant qui tente de le comprendre et de le protéger, ce jusqu'à l'obsession. Et c'est bien à la fois toute la force et la limite du film de multiplier les gros plans sur le regard de Nira, une force parce que l'incompréhension et la ténacité du personnage féminin est en adéquation avec la radicalité de la mise en scène, qui essaye elle aussi de percer le mystère, notamment dans ces moments où les enfants vont heurter la caméra, comme si toucher les corps (dont celui de l'enfant-poète) permettait de résoudre l'énigme; une limite car ces scènes sont répétées à l'usure et débouchent surtout sur un constat prévisible : le génie relève du miracle, et le miracle est inexplicable. Nul ne saurait s'approprier le génie, même pas la nourrice de l'enfant qui récite le poème en gros plan alors qu'elle sort de l'eau, une scène très poseuse mais sauvée par un élément scénaristique qui suivra (sans en dire plus, la jeune femme sera punie).Comme la mise en scène de Lapid, Nira cherche à imiter l'enfant (comme le jeune Yoav qui récite son poème en faisant les cent pas, elle fait de même), le garder près d'elle, protéger le génie dans un pays "qui hait les poètes". "L’Institutrice" est un film qui montre donc à plusieurs reprises ses limites mais que je défend parce qu'il ne s'excuse jamais de sa forte personnalité et d'inclure sa réalisation dans un programme redoutablement mené, à coup sûr abouti. Surtout, il révèle un jeune acteur fascinant et captivant dont il me tarde de revoir au cinéma : Avi Shnaidman.
Paradoxalement, c'est moins l'institutrice qui m'a intéressé que le poète. Car Nadav Lapid, peut-être sous l'influence de sa propre carrière littéraire (les poèmes du film sont les siens), pose mieux la question de la place de la poésie aujourd'hui que les enjeux éducatifs qui l'accompagnent dans ce film.
On a le droit de ne pas être sensible aux poèmes de cet enfant prodige. Comme de douter qu’ils soient bien l’œuvre d’un gamin de 5 ans (Nadav Lapid se vante d’avoir lui-même écrit des poèmes jusqu’à l’âge de 8 ans, et je le soupçonne de nous avoir fourgué en douce les pièces les plus tardives de sa jeune carrière). Mais qu’importe : le petit Yoav n’est pas un jongleur de mots, juste un gamin visité par la grâce : – J’ai un poème, j’ai un poème ! s’écrie-t-il à chaque fois comme s’il était touché par une langue de feu, et il se met en marche, scandant au rythme de ses allers-retours d’étranges vers que son institutrice recueille comme un trésor. Elle essaiera d’ailleurs elle même cette technique de l’arpenteur pour tenter à son tour de faire surgir le poème qu’elle brûle d’écrire. Car Nira place la poésie au dessus de tout, et rien pour elle n’égale le don insensé de cet enfant, ni le poète établi qu’elle fréquente, ni le club d’amateurs que celui-ci anime, aussi triste et médiocre qu’une réunion Tuperware. Mariée à un homme dont la lourdeur a fini par l’user, mère de 2 grands garçons qui n’ont désormais plus besoin d’elle, Nira est littéralement saisie par la beauté qui vient de faire irruption dans sa vie. Une beauté fragile qu’elle va décider de protéger envers et contre tous. Sarit Larry incarne cette femme vulnérable et obstinée, très borderline en fait. Il faut voir le film pour elle, vraiment pour elle, pour son regard incroyablement clair et pourtant toujours opaque, même quand s’y allume l’étincelle du désir ou du danger. Sarit Larry est ce qu’on pourrait appeler une comédienne défroquée. Jadis étoile montante du théâtre israélien, son intransigeance lui avait fait quitter la scène pour se consacrer à la philosophie. Nira est le 1er rôle qu’elle joue depuis 15 ans. Un rôle qu’elle emmène très loin, dessinant ce portrait âpre et poignant : une femme éprise d’absolu qui bute sur la trivialité du monde. Etrangement, il y a plus d’Emma Bovary dans cette "Institutrice" que dans le film d’Anne Fontaine, sorti au même moment.
Nadav Lapid ne manque pas d’idées pour filmer ses histoires, et celle-ci marque par sa radicalité. En nous présentant une galerie de personnages tous plus haïssables les uns que les autres, le cinéaste dépeint une société pourrie jusqu’à la moelle, au sein de laquelle grandit Yoav, un enfant possédant un don pour la poésie. Exploité par sa baby-sitter, incompris par sa famille, ce garçon sera repéré par l’institutrice qui en fera vite un surhomme, presque un envoyé divin chargé de redonner au monde sa poésie. Une relation quasi-obsessionnelle qui deviendra vite malsaine, mais le réalisateur refuse de faire de l’enfant ou de n’importe quel autre personnage une victime ; tous sont manipulateurs et imparfaits, tous agissent sans aucune morale. Un scénario qui aurait donné un chef d’oeuvre dans les mains d’un Lars Von Trier, mais qui ici fonctionne malheureusement bien mal. Le film n’évite pas les clichés, s’attarde trop sur des scènes superflues, et en oublie l’essentiel ; être captivant. Entre des réactions prévisibles ou absurdes et des idées de mise en scène qu’on nous présente dès l’introduction pour finalement les oublier, les réduisant à de simples effets de style, le film est loin d’être exempt de défauts. Ces défauts sont des partis-pris du réalisateur, à n’en pas douter. Ils sont tous justifiables par la thématique de l’œuvre. Mais si tel est le cas, cet extrémisme et ce refus de brosser le spectateur dans le sens du poil font de L’INSTITUTRICE un film aussi déplaisant qu’il est cohérent, et la démarche a déjà été faite depuis bien longtemps, ne serait-ce que par les cinéastes du Dogme95 qui font du « déplaisir cinématographique » des œuvres autrement plus fascinante que celle de Nadav Lapid (...
L'intégralité de notre critique de L'INSTITUTRICE, sur Le Blog du Cinéma
Ennuyeux au possible, je sais que certains y auront vu une dénonciation de la Société Israélienne, mais pour ma part je n'y ai vu qu'un film avec de gentils et jolis enfants, pas formidables comme acteur, et une poésie à hurler (pour rester correcte) de rire. Un scénario des plus minces et une lenteur à vous endormir'. L'étoile est pour l'actrice, la seule qui se sorte la tête haute de ce film.
On croit rêver : sur allociné, une note moyenne de 4 chez les critiques pour une daube pareille ! Le film précédent de Nadav Lapid, "Le policier", était déjà sur-coté, mais là, c'est délirant : ce film est un véritable crime contre la poésie et contre les spectateurs. Alors que son film est quasiment autobiographique, le réalisateur est tellement doué qu'on ne croit à rien à ce qu'il présente, les sommets étant atteints par les réactions des participants à des groupes de poésie et, plus anecdotique, par une porte de salle de bains dans un hôtel qui, non seulement, peut être fermée à clé de l'extérieur mais, en plus, ne peut plus être ouverte de l'intérieur !! Ce film sans aucun intérêt s'étant révélé tellement ennuyeux, les poèmes qu'on entend étant tellement mauvais que je me suis senti capable d'en écrire un moi-même, pas plus mauvais, durant la projection :