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Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
133 abonnés
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2,0
Publiée le 13 septembre 2014
Long-métrage étrange qu'est ce drame passionnant mais, à différents angles, malsain. Dans un pays gangréné par la misère sociale, Nodav Lapid crée un malaise en faisant représenter l'enfant poète comme l'objet du désir d'une garde d'enfants perdue et obsédée par ses fantasmes, dont l'un est de faire renaître la flamme (ici destructrice) de la poésie dans son pays. On peut regretter que, dans le jeu de Sarrit Larry, la passion se fait remplacer par une retenue qui explose bien trop tard, par une scène de danse impressionnante de justesse. Mais pourquoi dénuder à ce point certains acteurs? Car le cinéma israélien se cherche, et tente de ce fait de filmer l'amour, et ce, heureusement, avec maîtrise. Ce qui n'excuse pas la longueur exagérée de certains plans qui sont aussi, pour quelques-uns, inutiles.
Cet enfant c’est pour elle une illumination ou même une révélation. Le film est même assez réussi dans cette façon de présenter froide et irréelle. Dans quel monde vit-elle? La beauté et l’art semblent s’imposer à elle au détriment de l’amour. Une fin assez glaçante pour un film assez fascinant.
En apprenant dans un article que Nadav Lapid est un fan de Carlos Reygadas (Post tenebras lux), j'ai mieux compris pourquoi j'avais éprouvé ce sentiment de frustration en regardant L'institutrice.
A l'évidence l'israelien a le même talent que son collègue mexicain, mais il a aussi les mêmes chevilles qui enflent - dans une proportion toutefois moindre que Reygadas, qui aux dernières nouvelles ne pouvait plus chausser que des moonboots.
Mais revenons à nos moutons. Un petit garçon (qui serait à l'image de Nadav Lapid lui-même, en toute modestie) écrit de magnifiques poésies à 5 ans. Son institutrice le défend. Ou l'utilise.
Sur cette base plutôt intéressante, Lapid construit un portrait de femme subtilement dépressive, à la sexualité hésitante et aux buts incertains. Il confronte la figure hiératique de l'actrice Sarit Larry (impressionnante) à une gamme de situation assez convenues, mais souvent incroyablement bien filmées. L'institutrice est baignée dans une lumière d'une pureté solaire, et certains de ses mouvements de caméra sont sublimes. Lapid se moque un peu du scénario, et joue, parfois avec brio, à se faire plaisir.
Ses exploits esthétiques ne sauvent pourtant pas le film qui sombre lentement dans une marre d'ennui glacé.
Cette institutrice pourrait être comparée, toutes proportions gardées, aux illuminés qui en arrivent à se faire exploser au milieu d'un marché. Aveuglée par son obsession et ses intentions, si bonnes soient-elles à l'origine, Nira va basculer dans la radicalité et s'engager sur une voie dangereuse. (...) Nadav Lapid manie bien la caméra et gère la tension dramatique mais l'ennui s'installe peu à peu jusqu'à un dénouement un brin grand-guignolesque, et c'est dommage.
Paradoxalement, c'est moins l'institutrice qui m'a intéressé que le poète. Car Nadav Lapid, peut-être sous l'influence de sa propre carrière littéraire (les poèmes du film sont les siens), pose mieux la question de la place de la poésie aujourd'hui que les enjeux éducatifs qui l'accompagnent dans ce film.
Seulement trois étoiles ; ce n'est pas que le film ne soit pas bon, mais il met mal à l'aise. Cela à cause de son personnage principal, Nira, qui a quelque chose de très malsain (en fait, aucun adulte n'est franchement sympathique dans ce film, à part la nounou). Nira prétend sauver ce petit poète qui a eu le malheur de naître dans un monde qui méprise la poésie, mais elle se sert de lui (et ose accuser la nounou de voler les poèmes de Yoav, ce qu'elle ne se gêne pas de faire pour se faire valoir au sein de son club, car elle n'a pas de réel talent malgré sa passion pour la poésie). Quant à ses méthodes pédagogiques, c'est à faire peur : elle ne bronche pas quand des enfants chantent une chanson aux paroles violentes et haineuses, elle tire le garçonnet de cinq ans de sa sieste pour lui parler poésie, alors qu'il n'y entrave visiblement que dalle... Les textes du petit Yoav sont en effet très conceptuels, et seul le mysticisme peut expliquer que ces mots sortent avec une telle aisance de la bouche d'un enfant aussi jeune : inspiration divine, réminiscences d'une vie passée, que sais-je, mais les matérialistes trouveront que cette histoire n'est pas réaliste (et pourtant, elle s'inspire bien de faits réels !). Un film qui fait plutôt froid dans le dos en somme. Reste que le petit garçon est touchant, gosse innocent malmené par des adultes égoïstes qui pourtant prétendent agir pour son bien : l'enfer est pavé de bonnes intentions.
La rencontre entre l'institutrice à la dépression latente, et l'enfant poête occasionne quelques très belles scènes et a le mérite d'interroger la place de la poésie dans le monde. Cependant, le film s'avère un récit inconfortable, au rythme particulièrement inégal. Les seconds rôles y sont particulièrement antipathiques. Cela finit par donner au film un coté prétentieux, ce qui, quand on veut mettre à l'honneur l'apport de la poésie, matière souvent confiné et pas toujours accessible, est assez regrettable. Quelques scènes fulgurantes mais j'ai pas trop saisi le message.
un bon drame, bien interprété, mais qui souffre de sa longueur. 2 heures, c'est trop, 30 minute de moins aurait été salutaire. n'étant pas fan de poésie, j'ai trouvé celle du gamin complètement nulle, d'où mon étonnement. pourquoi cette institutrice s'intéresse tant à cet enfant? l'amour des mots? mouais. moi, j'y ai plutôt vu un désir d'enfant inconscient. était-ce cela le vrai sujet de ce film?
Je suis allée le voir suite aux critiques élogieuses de la presse. Pour moi c'est un film bien mais en même temps très dur, trop dur. L'histoire est étrange, dérangeante. Ce film n'est pas gai du tout : le petit garçon a l'air bien triste tout le long, l'institutrice est assez triste aussi, le père s'en fout complètement d'avoir un fils si doué, la nounou n'est pas correcte, sans parler de l'oncle du gamin qui couche avec l'institutrice. A ce propos cette institutrice n'est vraiment pas bien dans ses baskets et semble subir une petite crise de la quarantaine spoiler: au point de tromper carrément son mari et de kidnapper l'enfant à la fin.
Ce film devient de plus en plus stressant et inquiétant au fur et à mesure qu'il avance.
Curieux film. Il faut d'abord accepter le postulat de départ, à savoir la reconnaissance d'un enfant poète, auteur de poèmes qui ne sont pas vraiment de son âge. Postulat a priori peu réaliste, que le réalisateur Nadav Pavid atteste pourtant, en racontant dans le dossier de presse qu'il écrivait lui-même des poèmes à l'âge de son protagoniste et qu'il en a repris certains pour les besoins du film (notamment "Hagar"). Bon. Du coup, la présentation ébahie de ce talent à l'écran ne donne pas du cinéaste l'image d'un homme particulièrement humble et modeste... Mais passons. L'intérêt du film réside dans la relation qui se noue entre le petit Mozart de la poésie et son institutrice qui se donne pour "mission" de recueillir sa parole (poétique) dans un contexte peu réceptif. Cette relation porte en elle-même une charge symbolique et critique assez intrigante. La plus évidente est l'idée d'une défense des arts dans une société israélienne de plus en plus matérialiste, pragmatique et vulgaire, focalisée sur la toute-puissance de l'argent et de l'armée, une société conformiste où toute originalité ou aspiration "autre" semble être suspecte et de nature à être promptement condamnée. Dans ce film, chacun y va en effet de sa dénonciation ou condamnation sans appel. Nadav Pavid brosse ainsi un tableau social inquiétant et d'une certaine violence. Dans le même temps, il brosse le portrait d'une femme - l'institutrice - qui n'apparaît pas forcément comme un contrepoint positif dans ce climat délétère. Elle est certes présentée comme une idéaliste, une "résistante" face au rouleau-compresseur social, mais elle est aussi menteuse, manipulatrice et bien flippante dans sa volonté obsessionnelle de s'occuper de son "messie" (l'actrice Sarit Larry est parfaite dans le rôle de cette psychopathe aux yeux clairs). Faut-il voir derrière cette obsession un écho à un quelconque fanatisme religieux ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, en matière d'empathie avec les personnages ou de sympathie pour leur histoire, on ne sait trop sur quel pied danser. Même l'enfant est difficile à cerner. Un sentiment inconfortable et une tension permanente dominent le film, renforcés par un style qui fait sens (mais parfois trop appuyé) : plans-séquences associés à des mouvements rapides de caméra et à de très gros plans étouffants. Voilà qui fait la richesse de l'ensemble et qui le rend aussi déroutant. Déroutant sur le plan symbolique et émotionnel, déroutant par certaines failles logiques (a-t-on jamais vu une porte de salle de bain qui se verrouille de l'extérieur ?), le récit demeure toutefois captivant d'un bout à l'autre.
Après Le Policier, Nadav Lapid réalise aujourd'hui L'institutrice, nouveau pillier central de la société. Grâce à ses portraits qu'il peint avec force et ambiguïté, l'israélien fait des analyses humaines pertinentes qui peuvent déranger. La preuve avec cette nouvelle création, se penchant sur une femme prise de vénération pour son écolier âgé de cinq ans.
Au fur et à mesure que les minutes défilent, ce film prend la forme d'un drame. Sans rien dire et en gardant son propos implicite, le réalisateur nous met dans la situation la plus inconforttable qui soit en montrant des gestes qui ne trompent pas. Le spectateur est le premier à comprendre les intentions de cette institutrice, frustrée par une vie qui ne lui convient plus, illuminée par un génie poétique de cinq ans. Mais jusqu'où peut aller cette admiration se transformant en obsession absolument dérangeante ?
L'institutrice dépasse le statut de film même puisque le processus scénique fait corps avec la réalité, de sorte que les enfants n'hésitent pas à percuter et à regarder la caméra de temps à autre. Le cadre se dérobe alors sous nos yeux et nous bouscule dans nos habitudes. Nous n'étions pas préparés à vivre ce genre d'expérience, mais celle-ci arrive sans prévenir pour nous faire vivre quelque chose d'étrangement singulier.
À hauteur d'enfants, ce récit montre comment l'homme peut aller au-delà de ses principes et renier tout ce qu'il a pu construire auparavant. Et cela pourquoi ? Chercher l'ineffable, devenir un autre que soi-même, trouver l'éternité.
Nadav Lapid ne manque pas d’idées pour filmer ses histoires, et celle-ci marque par sa radicalité. En nous présentant une galerie de personnages tous plus haïssables les uns que les autres, le cinéaste dépeint une société pourrie jusqu’à la moelle, au sein de laquelle grandit Yoav, un enfant possédant un don pour la poésie. Exploité par sa baby-sitter, incompris par sa famille, ce garçon sera repéré par l’institutrice qui en fera vite un surhomme, presque un envoyé divin chargé de redonner au monde sa poésie. Une relation quasi-obsessionnelle qui deviendra vite malsaine, mais le réalisateur refuse de faire de l’enfant ou de n’importe quel autre personnage une victime ; tous sont manipulateurs et imparfaits, tous agissent sans aucune morale. Un scénario qui aurait donné un chef d’oeuvre dans les mains d’un Lars Von Trier, mais qui ici fonctionne malheureusement bien mal. Le film n’évite pas les clichés, s’attarde trop sur des scènes superflues, et en oublie l’essentiel ; être captivant. Entre des réactions prévisibles ou absurdes et des idées de mise en scène qu’on nous présente dès l’introduction pour finalement les oublier, les réduisant à de simples effets de style, le film est loin d’être exempt de défauts. Ces défauts sont des partis-pris du réalisateur, à n’en pas douter. Ils sont tous justifiables par la thématique de l’œuvre. Mais si tel est le cas, cet extrémisme et ce refus de brosser le spectateur dans le sens du poil font de L’INSTITUTRICE un film aussi déplaisant qu’il est cohérent, et la démarche a déjà été faite depuis bien longtemps, ne serait-ce que par les cinéastes du Dogme95 qui font du « déplaisir cinématographique » des œuvres autrement plus fascinante que celle de Nadav Lapid (...
L'intégralité de notre critique de L'INSTITUTRICE, sur Le Blog du Cinéma
Israël, ses territoires occupés, ses intégristes, le clivage entre Sépharades et Askénazes, quel pays bien complexe... Ici, c'est l'inutilité de la poésie, son caractère éphémère, transitoire, que l'institutrice tente d'attraper. Elle se comporte comme un conservateur de musée, elle voudrait arrêter le temps, consigner toute la production poétique de ce jeune enfant. Elle ne supporte pas que cette activité créative puisse se perdre, ne pas être exploitée, être raptée par d'autres. La poésie parle du désir, la poésie décrit et écrit le monde, l'institutrice entend inscrire et transcrire ce dire poétique irrépressible lorsqu'il vient à l'esprit de l'enfant. Sa motricité est engagée lorsqu'il est inspirée, il déambule de manière un peu mécanique, comme si sa marche devenait automatique, lorsque la diction poétique doit se prononcer. L'institutrice franchit un certain nombre de frontières. Plus que de transgression, c'est sa fascination pour la liberté, qui la fait déborder de sa position enseignante.
Dans une mise en scène pas toujours très fluide, quelques passages retiennent l’attention. Tout d’abord, le moment le plus spirituel est sans aucun doute l’instant où une femme noire sort de l’eau et chante sur la plage une ode poétique bouleversante. On est alors hors du temps, hors du récit. Cette coupure rythmique est un moyen de s’affranchir de la linéarité matérielle de l’histoire pour la placer dans un contexte spirituel, détaché de toute logique scénaristique. De plus, la scène en boite de nuit où Nira se lance seule dans une danse enivrante montre à quel point le génie se trouve dans la simplicité : lumière sombre, plan large, la réalisatrice capte l’instant de vie sans chercher à expliquer.
Aussi, on pourra trouver de nombreux défauts à cette œuvre complexe et lente. Cependant, l’humanité qui transparait dans ce film ne laisse guère de place au doute : ici, le cinéma est résolument poétique autant que la poésie crée le cinéma.
Avec un sujet aussi risqué (grand poète à 5 ans, vraiment ?) et une thématique aussi chargée (rétablir le sens de la beauté dans un monde rongé par le matérialisme), il aurait fallu un cinéaste plus subtil pour délester ce projet de sa nature fortement démonstrative.