Fort d’une direction artistique admirable, le dernier né de l’écurie Disney Animation, ce successeur du succès retentissant de la Reine des neiges, pose ses valises dans la Pacifique, côtoyant pour le coup la culture de ces îlots du bout du monde. Exit Elsa et son monde de glace et place à Vaiana et les légendes du bout du monde qui l’accompagnent dans sa quête pour sauver son univers paradisiaque insulaire. Entre séquences chantées, éternel poncif de la firme, ici très aléatoire, et aventures maritimes et divines, le dernier Disney se veut un véritable rouleau compresseur, une démonstration technique, certes, mais qui souffre de l’inévitable virus du gros fil rouge, blanc, qu’importe. Si le studio aux grandes oreilles parvient, une fois encore, à atteindre ses objectifs, le film étant bien entendu un succès financier, si le studio Disney démontre une fois encore son savoir-faire, il apparaît pourtant bien vite qu’en dépit d’un cadre nouveau, de personnages nouveaux, on nous joue ici la même partition, toujours la même partition.
Sans surprise, quand bien même quelques bonnes idées pointent le bout de leur nez, on pense aux tatouages vivants du compagnon de notre héroïne, une modélisation exceptionnelle de toutes les textures, des cheveux à l’eau en passant par le sable et la poussière, Vaiana déroule son intrigue préconçue, parfois niaise, dans un processus d’autosatisfaction de la part de ses créateurs. Oui, au bénéfice d’une technologie numérique qui n’aura jamais été aussi maîtrisée que sur ce film, à mon avis, les réalisateurs et leurs bandes d’artisans se contentent de brasser les codes de l’écurie Disney, sous l’allure d’un nouveau déguisement, sans prendre le moins du monde d’initiative narrative. Purement et simplement, qu’importe l’océan, les îles, les tatouages, Disney en revient tout bonnement à sa vielle recette générique.
Difficile à expliquer, certes, que ce sentiment de déjà-vu. Disons simplement qu’il s’agit là d’un produit pré-formaté, parfaitement définit dans un cadre dicté par la politique du studio. On ne peut reprocher à Disney de remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier avec les mêmes outils, les mêmes intentions, mais l’on osait espérer qu’un tel film puisse au moins trouver une certaine forme d’indépendance créatrice, notamment du fait de la présence à la production d’un certain John Lasseter. C’est donc raté pour ce qui est de l’originalité, et cela, sans doute, est dû en grande partie aux phases chantées dont certaines sont ici des répliques de celles des films précédents, des moments gênants pour un public qui doit une fois encore se coltiner les refrains barbants, sur un timbre du voix niais, alors qu’il ne demandait qu’à vivre une petite aventure numérique divertissante. Je ne sais pas, personnellement, si les tous petits apprécient ces moments de musiques à la guimauve, mais Vaiana, à cause de cela, ne peut absolument pas faire le poids avec d’autres productions estampillées Disney, on pense ici au génial Zootopie.
Bref, un film sans surprise, certes visuellement saisissant, mais purement enclavé dans sa propre étiquette. Les amateurs du genre apprécieront, comme nos petits descendants, mais le film pourra sans doute lasser les plus regardants face à son manque d’indépendance face aux codes du studio. 12/20