Caisse claire, charleston, grosse caisse, tom basse ou tom médium, cymbales, baguettes, partitions, croche ou noire, peaux, accorder, pédales de grosse caisse ou de charleston... swing, feeling, jazz, standards, Big band, Charlie Parker, Buddy Rich, Louie Bellson, Philly Joe Jones... autant de mots, de noms qui évoquent mon enfance...
Ce film restera pour moi tellement fort et émouvant. Tout ressentir, comprendre toutes les références, et en souffrir. Voir dans sa tête le visuel des pochettes vynil, se souvenir de les avoir vues manipulées des centaines de fois, des centaines de fois les entendre, sur des platines où la qualité du diamant élevait la qualité d’écoute.
Vivre dans ce monde du jazz, l’apprécier, l’écouter, et voir des artistes musiciens en pleurer. Pleurer à force de rêver, rêver d’approcher l’apogée comme dans le film.
Et devoir se contenter de « gagner sa vie » loin de toute rythmique jazzistique.
Mais survivre à force d’écouter, et d’assister à tous les concerts de la capitale Parisienne. Tout faire pour être à la première place, devant, toucher de son âme des musiciens qu’on considère comme des génies.
Chercher même leur regard, et garder en soi des moments d’extase.
Et continuer, continuer à écouter, des disques, les derniers, les live, pour lesquels on y met tout ce qu’on a en poche. Et continuer à placer son vynil sur la platine, et se prendre des claques, des claques de talent, de génie, de sons, de tout ce qu’on rêve de « jouer », un jour, peut-être… Et à chaque fois, ces gestes, ceux des bons « écouteurs », taper du pied, remuer la tête de gauche à droite, ou de bas en haut, parce qu’on devient fou d’écouter du jazz…
Je suis une femme, mais je suis l’homme qu’à été mon père, mon frère et mon oncle, des fous de batterie qui n’avaient que certains noms à la bouche, qu’une seule passion, qu’un seul but qu’hélas, la vie n’a pas offert.
Pour les énumérer : leurs noms Buddy Rich, Louie Bellson, Philly Joe Jones, leur passion le jazz et jouer dans un big-band, et la vie s’est arrêtée, pour certains dans les mêmes circonstances pour ce qui est d’un but figé par la mort…
Oui je m’éloigne du film, mais non car c’est le sujet. Le film m’a donné la chance de « redécouvrir » ce qu’était la vraie musique, le jazz, ses contraintes, ses merveilles. On parle de musique, qu’elle soit classique ou autre le solfège restera le solfège ! Lire une partition comporte autant de contraintes. La rigueur, la discipline oui ! Apprentissage en conservatoire ou grandes écoles revient au même, restez humbles, souffrir, « avoir envie de se foutre en l’air », des états d’âme invivables, la musique n’a pas que des qualités… Elle est là pour te rappeler à tous tes souvenirs, de part ses mélodies. Chaque note t’emmène à une image, un moment de vie intense. Elle est la madeleine de Proust, en puissance 10 !
On peut ne pas apprécier la plus que rigueur de Mr Terence Fletcher, chacun et chacune l’appréciera, le but du film restant qu’on doit souffrir pour atteindre le paroxysme de cette musique qu’est le jazz !
Et tout y est vrai, la détermination, l’isolement, l’égocentrisme, et le talent avant tout !
Je rêve d’avoir connu un jour un tel professeur qui, malgré la terreur qu’il a imposée, sait vraiment ce qu’est le génie.