Une belle pépite !
Ce film est le reflet du dilemme complexe qui s'oppose à n'importe quel artiste se retrouvant face à la volonté de l'excellence. Étant moi-même musicien, il m'a particulièrement touché dans la thématique est très bien traitée. Le film se centre sur le travail acharné d'un musicien, alors, on abandonne tout le reste. Aucune scène en dehors de ça, on suit constamment le personnage principal dans son acharnement son absence de vie sociale, son isolement, son moral creux et on nous enferme là dedans pour ressentir au mieux son état d'esprit si particulier à ce moment là de sa vie.
Que dire de la réalisation ? Franchement c'est en même temps très original et réussi ! Elle est musicale, dynamique, accrocheuse et envoûtante. Meilleur exemple avec cette scène de fin complètement incroyable, non seulement parce que la construction de la musique elle-même ('Caravan') structure la scène, mais aussi parce que le cadrage est nickel à chaque plan (Chazelle filme tellement bien ces musiciens), parce que les mouvements de caméras et la musique nous ambiancent dès le début, et bien sur parce que le jeu de regards entre le chef et le batteur sont juste fous, jusqu'à ce que... ce tant attendu sourire de la part du chef soit enfin adressé à Andrew, ce tant attendu signe de reconnaissance (d'ailleurs même ici, seul le sourire d'Andrew apparaît à l'image, on ne voit que les traits du visage du chef en gros plans se réjouir). Ce plan résume à lui-même tout le film, cette longue et difficile question : jusqu'à doit-on aller/être poussé pour devenir l'exception ? Que doit-on sacrifier ? Doit-on juger les manières d'enseigner à un élève qui aspire à la perfection ultime ?
Tout ça est magistralement traité à travers une relation poignante entre un élève et son professeur, qui évolue au cours d'une rencontre froide, d'une sélection intriguante, de travail acharné mêlé au stress, ainsi qu'une scène de rupture... Bref, cette relation ambiguë mêlant le besoin d'être aidé ainsi (pour Andrew) et l'insistance mêlée à la fierté (pour le prof) est dépeint avec beauté. En fait, tout le film se concentrant uniquement sur celle-ci, Damien Chazelle a ainsi tout le temps de nous en dévoiler les nuances.
Tout ça est chapeauté par une perfomance de J.K. Simons tout simplement exceptionnelle. Vraiment ! Il sonne crédible, juste, humain. Tant dans sa froideur et sa colère que dans ses aspirations et sa vie.
Inutile de parler de la BO, j''ai presque envie de dire, une merveille ! Mêlant morceaux très énergiques et vifs, à d'autres moments totalement dépourvus de débordants solos ou mélodies propre au jazz (l'an plupart du temps présent) pour laisser place à quelques improvisations à la batterie. Instrument d'ailleurs toujours mis à l'honneur quel que soit le titre de la BO.
En bref, ne voyez surtout pas ce film d'un œil 'réservé aux musiciens", foncez dessus comme n'importe quel autre film et vous serez je l'espère, aussi surpris que beaucoup l'ont été. Aussi touchés et émus, par une histoire qui aurait pourtant peine à accrocher beaucoup de spectateurs à première vue.