Yann Demange, français expatrié à Londres, s’est surtout fait connaître sur «Dead Set» et «Top Boy» (deux excellentes séries anglaises, dans deux genres différents, avec une préférence pour la seconde).
« ‘71 » est donc son premier long métrage. Et il faut bien lui reconnaître un certain savoir faire. Sa mise en scène absorbe parfaitement le drame réaliste qu’il tente de dépeindre, et laisse place à une véracité de tous les instants. Sans copier ses aînés (notamment Paul Greengrass, «Bloody Sunday», sur un sujet proche), Yann Demange a réussit à conserver la même grammaire cinématographique qu’il tend à employer dans ses séries, surtout proche de «Top Boy», tout en mêlant un aspect documentaire mais en même temps dynamique et fictionnel.
L’exemple même, la course poursuite du début, filmée caméra épaule, où l’espace et le tempo sont d’une lecture franchement agréable quand d’autres réalisateurs peinent à éviter le montage cut épileptique. La possibilité d’un montage nerveux, avec des plans…de plus d’une seconde, est donc possible. Merci.
Et tout le reste est de la même teneur. Des plans séquences parfaits et souvent justifiés, une direction d’acteur impeccable. A ce titre, Jack O’Connell, récemment vu dans «300» (version « bis »), dans le magistral «Les poings contre les murs», ainsi que dans « Invincible » (prochaine réalisation d’Angelina Jolie), apporte une justesse et une sensibilité de jeu en parfait équilibre avec les enjeux de son personnage, et donc du film. Probablement une des révélations de cette année.
Très rusé dans sa narration sans être exagérée, donc crédible, et assez malin par sa mise en scène, « ‘71 » est avant tout la confirmation d’un réalisateur à suivre. Mais également un joli coup, autant sur le plan de la mise en scène, qu’une confirmation de son interprète principal. Ajoutons à cela le contexte du film, qui malgré un léger manque d’engagement politique, reste un solide thriller sur les jours les plus néfastes de Belfast.