"Timbuktu" se vit au rythme africain qui n'est pas le notre. La caméra prend son temps, se pose sur un visage, s'attarde sur un horizon, se perd dans une ruelle toute en pisé. Ici, le temps n'est plus. se dissout.
"Timbuktu" est avant tout un film d'atmosphère. Celle de la peur, indicible, partout, dans chaque geste surveillé par ces gendarmes improvisés de la brigade islamiste. Obscurantistes et incultes, ils se revendiquent du Coran et font régner la terreur au nom d'Allah.
"Timbuktu", c'est la négation absolue et absurde de vivre, l'interdiction des petites saveurs du quotidien. Pas de musique, pas de danse, pas de tabac, pas même le droit au bonheur. Sous peine de coups de fouet, de lapidation ou même de condamnation à mort.
"Timbuktu", c'est le paradoxe, le non-sens d'un jeune djihadiste incapable de confesser son rap face à une caméra absolutive, l'absurdité d'un autre qui se cache derrière une dune pour fumer et ne pas être vu, l'inconfort dans lequel certains se trouvent face à ces interdits.
Mais "Timbuktu", c'est aussi la preuve de cette merveilleuse liberté de penser, d'imaginer, que rien, aucune tyrannie, aucune religion jusqu'au boutitste ne pourra jamais éradiquer. Celle d'un formidable match de foot sans ballon, d'un chant que l'on entonne pour supporter le châtiment du fouet, d'un simple sourire ou d'un rire qui brise l'enfermement dans lequel ces djihadistes voudraient enfermer tout un peuple.
C'est en cela que le film mérite ces César, pour son courage politique plus que pour ses qualités intrinsèques, pour se lever contre cet islamo-fascisme et susciter l'espoir d'une liberté retrouvée.
Oui, "Timbuktu" se doit d'exister et d'être vu par le plus grand nombre car il est humble et puissant, simple et bouleversant.