Après son premier film, La Régate, où il explorait la violence intra-familiale à travers le portrait d'un adolescent maltraité par son père, le réalisateur Bernard Bellefroid poursuit, dans Melody, son étude de la filiation.
Un thème qui suscite autant de questions morales et éthiques que celui des mères porteuses a été peu traité au cinéma. Bien qu'ayant travaillé plus de trois ans sur ce phénomène pour les besoins de Melody, Bernard Bellefroid reconnait que la complexité de ce sujet est toujours aussi importante à ses yeux. Il déclare : "Le tournage d’un film, c’est assez proche d’une reconstitution criminelle… Quand on ne comprend pas un crime, on met en présence le criminel présumé, l’arme, les témoins… Faire un film, pour moi, c’est assez proche. Face à quelque chose qu’on ne comprend pas, on écrit une histoire, on crée des personnages, on met en place notre reconstitution."
Bernard Bellefroid tenait également à aborder dans Melody le sujet délicat de l'accouchement sous X, car il considère ce dernier comme un acte extrêmement violent et posant des questions graves : "Le droit d’amputer un enfant de son passé ? Comment un être humain qui ignore tout de ses origines peut-il se (re)construire ? La connaissance de ses origines est-elle absolument indispensable à la construction d’un individu ou bien son équilibre est-il avant tout assuré par les liens affectifs et sociaux ?"
Bien que d'origine belge et francophone, le réalisateur a souhaité situer son histoire en Angleterre car la gestation pour autrui y est autorisée. De plus, Bernard Bellefroid voulait également raconter l'histoire de deux langues à travers le français et l'anglais, parlées respectivement ici par Melody et Emily.
Pour marquer la différence de caractère des deux personnages principaux ainsi que l'évolution de leur rapport l'un envers l'autre, Bernard Bellefroid a convenu avec son chef opérateur David Williamson et sa chef décoratrice Régine Constant que "Melody serait un personnage qui ne vit qu’en extérieur jour, et qu’Emily serait toujours en intérieur, dans sa maison, une sorte de prison non connectée avec le monde extérieur, jusqu’à la dernière partie du film où, symboliquement, l’intérieur et l’extérieur se rejoignent enfin."
La jeune Lucie Debay incarne, ici, son premier rôle principal au cinéma. Bien qu'encore inconnue du grand public, elle est très appréciée par le public Belge pour ses nombreuses prestations théâtrales et a également côtoyé Daniel Auteuil et Leïla Bekhti le temps d'une séquence du film Avant l'hiver. Son metteur en scène a notamment dit à son sujet qu'elle "s’est imposée par sa force, sa résistance et sa générosité. Son visage est capable de nous désemparer en une fraction de seconde, avec un jeu minimal. Un visage sans triche."
Melody a notamment remporté le prix du public au Festival International du Film de Namur. Les deux comédiennes qui portent le film, Lucie Debay et Rachel Blake ont, quant à elles, été récompensées par le prix d'interprétation féminine du Festival des films du Monde de Montréal.