Sorti en 2012, "Jack Reacher" était une honnête enquête militaire (adapté des romans de Lee Child) pas forcément révolutionnaire et qui, avec son (super)héros tout droit des actions movies 90’s, semblait avoir 20 ans de retard sur les productions hollywoodiennes actuelles. La réussite artistique était, donc, relative et, sans Tom Cruise en tête d’affiche, il y a fort à parier que le film aurait sombré dans l’oubli. Le box-office en a décidé autrement et une suite a, donc, été mise en chantier. Et, autant le dire tout de suite, ce "Jack Reacher : Never go back" ne vient pas rehausser l’intérêt de cette désormais saga… bien au contraire ! Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on retrouve, à peu près, tous les défauts du premier opus, à commencer la désuétude de son héros qui cumule un peu plus de poncifs encore
(non content d’être solitaire, omniscient et increvable, il est désormais affublé d’un point faible "tellement humain" en la personne de sa fille présumée
) et son scénario caricatural truffé de
traîtres en tout genre, d’homme de main très méchant et de boss se croyant intouchables
. La mise en scène manque, également, toujours autant de personnalité… au point qu’on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas d’un (invraisemblable) parti-pris. En effet, après Christopher McQuarrie, qu’on croyait mollasson puis qui a démontré, avec le 5e épisode de "Mission : Impossible", qu’il pouvait se montrer bluffant, c’est à tour de son remplaçant, Edward Zwick (pourtant réalisateur du "Dernier Samouraï") de faire preuve de fadeur dans sa réalisation, avec une multitude de scènes copie-collé
(les fugitifs passent leur temps à échapper aux pièges de leurs poursuivants !)
et de passages obligés
(les affrontements à 4 contre un, les conneries de l’ado qui trahissent la position des fuyards…)
ainsi qu’un refus de transcender formellement (avec une grande BO ou des audaces visuelles par exemple) une histoire… dont il faut reconnaître qu’elle est particulièrement faiblarde ! Il n’est pas si commun de voir une enquête aussi téléphonée sur grand écran
(le face-à-face avec le grand méchant sur le tarmac, suivi de la confrontation avec l’homme de main, est à la limite de l’acceptable, la leçon pour échapper à un assaillant qui, évidemment, sera utilisé lors du final, franchit cette limite)
… ce dont les scénaristes ont visiblement conscience puisqu’ils ont greffé une intrigue parallèle cousue de fil blanc sur la paternité de Reacher qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui prend beaucoup de place. On pourra toujours considérer que cette histoire entre le héros et sa fille présumée (Danika Yarosh, loin des canons de beauté habituelle, ce qui est plutôt une bonne chose) permet d’humaniser Reacher… mais leur relation manque tellement d'originalité et le final tellement prévisible qu’il est difficile de s’en satisfaire totalement. J’ai, d’ailleurs, préféré le rôle donné au sidekick féminin (Cobie Smulders), qui ne tombe pas dans le piège de la suiveuse passive et s’autorise même quelques prises de position pas forcément inintéressantes qui font écho à la place des femmes à Hollywood (même si tout cela reste très sage). Pour autant, ne nous y trompons pas, la star du film est bien Tom Cruise et il se réserve la part du lion en étant la principale attraction de cette suite… plus encore que dans l’opus précédent ! Car, et c’est l’un des défauts majeurs de "Jack Reacher : Never go back", le casting est d’une surprenante pauvreté. Le premier opus comptait, tout de même, Rosamund Pike, Robert Duvall, Jai Courtney, Richard Jenkins et même Werner Herzog au générique. Ici, à part Cobie Smulders et, dans un rôle court et caricatural, Robert Knepper, il n’y a pas une tête connue à se mettre sous la dent et les nouvelles têtes peinent à marquer les esprits, que ce soit Patrick Heusinger en homme de main jusqu’au-boutiste, Aldis Hodge en enquêteur aux dialogues improbables ou Holt MacCallany
qui sent le traître à des kilomètres
. Dès lors, que retenir de ce second opus ? Pas grand-chose en fait, si ce n’est des combats en corps à corps plutôt convaincants, des moments plus légers (comprendre "plus drôles") gentiment réussis, un passage sympa à la Nouvelle- Orléans et, bien évidemment un Tom Cruise qui écrase tout sur son passage. On ne passe, donc, pas un moment désagréable mais il me parait évident que le film s’oubliera encore plus vite que son prédécesseur.